Entre août et octobre 2024, les départements de Podor, Matam, Kanel, Bakel et Goudiry ont été confrontés à des inondations d’une ampleur inédite. La montée des eaux dans la vallée du fleuve Sénégal et les zones orientales du pays a détruit plus de 16 000 hectares de cultures vivrières, notamment du riz, du mil et du sorgho. Des infrastructures essentielles, telles que des digues, des greniers et des forages, ont été endommagées ou totalement emportées. À ces pertes s’ajoute la disparition de bétail et de semences, aggravant la précarité alimentaire dans une zone déjà vulnérable.
Selon les évaluations de la Croix-Rouge et de l’organisation Action contre la Faim, plus de 250 000 personnes ont été directement touchées par ces événements, affaiblissant considérablement les capacités d’auto-approvisionnement des ménages ruraux. Cette situation a réduit à néant les réserves constituées pour la soudure, transformant la période actuelle en une urgence alimentaire silencieuse.
Un appui financier ciblé pour les foyers les plus exposés
Face à cette crise prolongée, le ministère de la Famille et des Solidarités, à travers le Fonds de Solidarité nationale (FSN), a annoncé le 24 juillet 2025 le lancement du Programme de Réponse à l’Insécurité Alimentaire (PSA). Le plan vise à soutenir directement 10 000 ménages identifiés comme les plus menacés dans les cinq départements mentionnés. Chacun d’eux recevra une aide financière de 135 000 FCFA, soit l’équivalent d’un panier moyen de survie pour la durée de la soudure.
Cette allocation unique, prévue pour être versée à partir du mois d’août, devrait permettre aux bénéficiaires de faire face à leurs besoins essentiels sans dépendre uniquement de l’endettement ou de la migration temporaire. Le SE-CNSA, structure de veille en matière de sécurité alimentaire, estime que ces cinq départements regroupent près de 80 % des 518 509 personnes les plus exposées à une crise alimentaire sévère entre juillet et août 2025.
Un effort budgétaire pour prévenir une détérioration sociale
Pour rendre ce programme opérationnel, l’État a mobilisé un budget de 1,35 milliard de francs CFA. Ce financement public, directement orienté vers les familles les plus démunies, constitue une mesure préventive avant l’émergence de tensions sociales ou de flux migratoires internes vers les villes.
L’intervention ne se limite pas à un simple transfert monétaire. Elle s’inscrit dans un dispositif de stabilisation qui devra, selon les autorités, être renforcé dans les mois à venir si les prévisions pluviométriques ou les récoltes demeurent en deçà des espérances. En parallèle, des évaluations sont menées pour recenser les infrastructures agricoles à reconstruire ou à réhabiliter dans les zones concernées, notamment à Podor et Bakel, où les digues et les routes rurales restent impraticables.
Pour Mme Aïssata Diop, directrice du FSN au micro de la RTS, « cette opération répond à l’urgence alimentaire mais prépare aussi un filet de sécurité pour les mois à venir ». Une façon d’alerter discrètement sur le fait que l’insécurité alimentaire pourrait s’installer durablement dans certaines régions si les cycles climatiques extrêmes persistent.



