Alors que les projecteurs sont braqués sur la présentation imminente du Plan de redressement économique par le Premier ministre ce vendredi 1er août, le dernier Conseil des ministres a ouvert un autre chantier stratégique : celui de la gouvernance publique. Quatre projets de loi ont été adoptés, posant les bases d’un système renforcé de transparence et de lutte contre les abus. En amont de la réforme économique promise, l’exécutif entend visiblement consolider les mécanismes d’intégrité publique.
L’accent a été mis sur des dispositifs qui touchent au cœur du lien entre institutions et citoyens. Il ne s’agit plus seulement de réparer l’économie, mais de redéfinir les règles du jeu entre ceux qui gouvernent et ceux qui observent. Derrière ces textes se dessine une volonté de rétablir la confiance à travers des garde-fous juridiques plus solides.
Des outils pour combattre la corruption et protéger les lanceurs d’alerte
Le projet de loi le plus attendu concerne la création d’un Office national de lutte contre la Corruption. Cette nouvelle structure devrait fonctionner comme un organe central, capable de mener des enquêtes, de coordonner les efforts institutionnels, et de formuler des recommandations contraignantes. Il s’agirait donc d’un guichet unique de l’intégrité, à mi-chemin entre une autorité indépendante et une interface judiciaire.
Dans le même registre, un autre texte vise à offrir un cadre clair et protecteur aux lanceurs d’alerte. Trop souvent laissés à eux-mêmes, ceux qui dénoncent les dérives internes pourront désormais bénéficier de garanties légales contre les représailles. L’État cherche ainsi à institutionnaliser un rôle longtemps marginalisé, en le requalifiant comme acte citoyen.
Déclaration de patrimoine et accès à l’information : deux piliers de la redevabilité
Le troisième projet de loi impose aux responsables publics concernés de déclarer leur patrimoine à des moments clés de leur mandat. Ce geste, symbolique autant que pratique, répond à une exigence d’alignement éthique entre la parole politique et les réalités économiques des décideurs. Là où la suspicion prospère dans le flou, la traçabilité devient désormais une obligation.
Enfin, un quatrième texte élargit le droit d’accès à l’information publique. Il ne s’agit pas seulement de publier des documents, mais de garantir que chaque citoyen puisse comprendre, questionner et surveiller l’action publique. La transparence cesse d’être un slogan pour devenir un droit opposable.
Ces réformes, combinées, redessinent le cadre d’exercice du pouvoir au Sénégal. En les adoptant à la veille de la présentation d’un plan de relance économique ambitieux, le gouvernement cherche à articuler responsabilité politique et redémarrage budgétaire. Une manière de poser les fondations institutionnelles avant de reconstruire les équilibres économiques.


