Sénégal : Un enseignant accusé de viol dénoncé grâce à TikTok

Tout est parti de messages publiés à la mi-juin sur la plateforme X, dans lesquels des utilisateurs interpellaient la Police nationale à propos d’un live TikTok troublant. Selon ces message, des élèves d’un établissement privé de Keur Massar y racontaient les violences sexuelles présumées commises par un enseignant sur plusieurs d’entre elles. Les internautes faisaient également état de l’existence supposée d’enregistrements compromettants, appelant à l’ouverture d’une enquête rapide.

Le signalement est devenu viral en quelques heures, amplifié par des lives successifs sur TikTok, où des camarades de classe des victimes présumées ont livré des témoignages directs. Ce déferlement de récits a fini par alerter les autorités, entraînant la réaction de la Brigade des mœurs. Une enquête a été ouverte et des auditions ont été menées dans la foulée, confirmant l’existence de plusieurs plaignantes.

Quatre victimes identifiées, un enseignant intercepté

Selon les éléments recueillis par la presse locale, au moins quatre élèves âgées de 17 à 19 ans ont formellement dénoncé des agressions sexuelles. Les faits auraient été commis par un enseignant d’anglais en poste dans l’établissement Miroir de l’Avenir, un centre d’enseignement secondaire de Keur Massar. D’après Libération, l’homme a tenté de quitter le territoire sénégalais mais a été interpellé alors qu’il s’approchait de la frontière mauritanienne.

Les enquêteurs ont également entendu le directeur de l’établissement, ainsi que plusieurs témoins, dans le cadre de la procédure judiciaire. Les témoignages convergents et les éléments matériels évoqués dans les vidéos TikTok ont été versés au dossier, ce qui a renforcé les soupçons contre le mis en cause.

Une affaire qui interroge sur les mécanismes de protection scolaire

Au-delà du choc suscité par les faits présumés, cette affaire remet sur la table des questions sensibles : comment un enseignant a-t-il pu opérer dans l’impunité au sein d’un établissement censé protéger des mineures ? Le rôle de la direction, les procédures d’encadrement et la culture du silence qui entoure souvent ces situations sont aujourd’hui interrogés.

L’utilisation de TikTok dans la révélation des faits constitue un cas d’école de mobilisation citoyenne numérique. Ce sont les réseaux sociaux qui ont permis de briser l’omerta et d’accélérer la réaction des autorités. Mais cela souligne aussi le manque de canaux de signalement institutionnels sûrs et efficaces dans les milieux scolaires.

Alors que l’enquête suit son cours, le cas de Keur Massar résonne comme un rappel brutal des failles qui subsistent dans la surveillance du personnel éducatif, et de l’urgence à renforcer les dispositifs de prévention dans les écoles privées comme publiques.