Alors que le Sénégal multiplie les annonces en faveur de la transformation agricole, deux dynamiques parallèles s’enracinent sur le terrain : les vacances agricoles patriotiques, initiées il y a quelques jours par la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS), et celles lancées officiellement par le gouvernement le 19 juillet 2025, au Domaine agricole communautaire de Séfa, dans la région de Sédhiou.
Dans les deux cas, l’objectif est clair : mobiliser la jeunesse autour d’une souveraineté alimentaire à construire, en les impliquant directement dans les activités agricoles de l’hivernage, sur des sites ciblés à travers tout le pays. La JPS, quant à elle, a annoncé 380 hectares emblavés cette année dans 40 départements, contre 177 l’an dernier.
Former, produire, transmettre
Étudiants, jeunes diplômés ou ruraux restés au village : les participants aux campagnes agricoles ne se contentent pas d’un engagement symbolique. Ils désherbent, sèment, récoltent, et surtout, apprennent à penser la terre comme un outil stratégique. Sur les fermes-pilotes, les savoirs agricoles se croisent avec les enjeux de développement territorial.
Ce contact direct avec les réalités agropastorales permet d’intégrer des pratiques modernes à des savoir-faire endogènes, mais aussi de construire des vocations nouvelles, dans un pays où l’agriculture reste encore perçue comme un secteur de subsistance.
Un levier pour réaliser la Vision 2050
Au même moment, des projets structurants comme l’usine d’urée prévue à Matam, destinée à valoriser les phosphates jusque-là exportés, annoncent une volonté plus industrielle de faire de l’agriculture un moteur économique majeur. Mais sans bras pour la terre, sans relais humains capables de produire et d’entreprendre, ces ambitions resteront théoriques.
Les vacances agricoles patriotiques, en amont, et le programme gouvernemental, en parallèle, participent donc à former un socle humain et productif, indispensable à la réussite de la Vision Sénégal 2050. Cette vision repose sur une montée en puissance agricole, une autonomie progressive dans la chaîne de valeur, et une redistribution territoriale des ressources et des opportunités.
À condition qu’ils soient soutenus, évalués, et étendus, ces programmes saisonniers pourraient bien devenir les laboratoires concrets d’une agriculture sénégalaise rénovée, où la terre n’est pas qu’un héritage, mais une promesse d’avenir.



