Textile au Maghreb : ce pays mis à mal par l'Asie

Le Maroc, principal exportateur textile du Maghreb, voit son industrie confrontée à une pression croissante venue d’Asie, qui bouleverse ses relations commerciales avec l’Europe. Une étude relayée par le site le360 met en lumière les faiblesses structurelles qui freinent la compétitivité du pays face aux acteurs à bas coûts asiatiques.

Un secteur textile en perte de dynamisme depuis 2024

Les statistiques de l’Office des changes, révèlent un ralentissement significatif pour le textile marocain. En 2024, les ventes à l’étranger de vêtements confectionnés ont à peine évolué, s’établissant à 29,61 milliards de dirhams (+0,3 %), tandis que les articles de bonneterie ont enregistré une légère amélioration, atteignant 9,12 milliards (+2,1 %). Toutefois, les chiffres des cinq premiers mois de 2025 témoignent d’une contraction des volumes exportés : une baisse de 2,1 % pour les vêtements confectionnés et de 3,1 % pour la bonneterie.

Des exportations marocaines moins dynamiques que la moyenne européenne

Entre Janvier et juin 2025, les envois marocains vers l’Union européenne ont connu une progression modérée de 4,5 %, nettement inférieure à celle des autres fournisseurs de l’UE, dont la croissance atteint 11,4 %. Cette différence traduit une capacité limitée du Maroc à accroître sa part de marché face à des concurrents plus agressifs.

Une dépendance marquée à quelques marchés-clés

L’étude souligne que la majeure partie des exportations marocaines est principalement dirigée vers l’Espagne et la France, en raison de liens historiques et de la proximité géographique. Ce choix commercial restrictif révèle un manque d’élargissement des marchés, ce qui limite la capacité du Maroc à diversifier ses clients et à réduire sa vulnérabilité.

Des coûts de production qui pénalisent la compétitivité

Selon Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile-habillement (Cedith), le Maroc fait face à des dépenses liées à la main-d’œuvre supérieures à celles des pays asiatiques, associées à une chaîne d’approvisionnement moins efficace. Ce modèle économique, freine la compétitivité des entreprises marocaines. Par ailleurs, le comportement des consommateurs européens, qui réduisent leurs dépenses en vêtements, favorise l’essor des sites asiatiques qui proposent des produits à bas prix, comme des T-shirts à 1 euro ou des robes à 5 euros.

Une nécessaire réorientation stratégique pour le secteur textile marocain

Face à ces défis, l’étude préconise une transformation en profondeur du secteur textile marocain. Cela passe par une diversification des marchés d’exportation, une modernisation des moyens de production, et une meilleure maîtrise des coûts. Le développement de nouveaux débouchés en Afrique ou au Moyen-Orient apparaît également comme un levier essentiel pour réduire la dépendance à l’Europe.

À l’échelle mondiale, où la compétition s’intensifie constamment, ces ajustements sont essentiels pour assurer la compétitivité et la durabilité du secteur textile marocain.

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