Usine de blindés au Maghreb : voici les dernières nouvelles

Dans un monde où les risques sécuritaires évoluent rapidement, nombreux sont les États qui renforcent leur autonomie stratégique en investissant dans l’industrie de défense. Le Maroc ne fait pas exception à cette tendance. Berrechid, ville située à quelques dizaines de kilomètres de Casablanca, s’apprête à accueillir un projet industriel d’envergure qui marque un tournant dans l’ambition marocaine de produire localement ses équipements militaires : une usine de fabrication de véhicules blindés WhAP 8×8, fruit d’un partenariat avec le géant indien Tata Advanced Systems.

Un site stratégique et des ambitions technologiques claires

Le choix de Berrechid n’est pas anodin. Sa proximité avec de grands centres logistiques, son dynamisme industriel et la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée ont sans doute pesé dans la balance. Dès que la filiale Tata Advanced Systems Maroc (TASM) a formalisé sa demande, le processus administratif s’est enclenché : étude d’impact environnemental, consultation publique prévue entre le 28 juillet et le 16 août, autant d’étapes nécessaires avant la pose de la première pierre.

Mais au-delà du site, c’est la nature même du projet qui attire l’attention. Il ne s’agit pas d’un simple montage de pièces importées : la future usine assemblera environ 100 véhicules WhAP 8×8 par an, avec un taux d’intégration local initial de 35 %, qui devrait passer à 50 %. Ce niveau d’intégration signifie que les composants, la main-d’œuvre et certaines compétences techniques proviendront directement du Maroc, avec en ligne de mire le développement d’un savoir-faire local en matière de défense terrestre mécanisée.

Le WhAP 8×8 : un véhicule modulaire et amphibie

Le blindé qui sortira des chaînes marocaines n’est pas un modèle ordinaire. Conçu en Inde en collaboration avec la DRDO – l’équivalent du CEA dans le domaine militaire – le Wheeled Armoured Platform (WhAP) 8×8 est un véhicule capable de manœuvrer sur des terrains variés tout en assurant une haute protection des troupes. Il allie mobilité, résistance et flexibilité tactique.

Son principal atout réside dans sa capacité amphibie, grâce à un système de propulsion aquatique intégré, qui lui permet de franchir des cours d’eau sans assistance. Doté d’une transmission automatique et d’un groupe motopropulseur robuste, il peut transporter des soldats, effectuer des missions de reconnaissance ou encore assurer un appui logistique. Sa modularité permet aussi de le reconfigurer selon les besoins opérationnels, un peu à l’image des couteaux suisses dans le domaine de l’armement terrestre.

Une industrie naissante à fort potentiel

Au-delà des chiffres – 90 emplois directs, plus de 250 indirects, 36 mois de travaux – c’est tout un écosystème industriel qui pourrait se structurer autour de cette implantation. Fournisseurs de pièces, sociétés de maintenance, centres de formation… la dynamique attendue pourrait transformer Berrechid en pôle industriel spécialisé dans la défense, au même titre que d’autres villes qui se sont illustrées par une spécialisation sectorielle.

Ce projet s’insère dans une série d’initiatives récentes qui visent à diversifier les partenariats stratégiques du Maroc et à accroître son autonomie militaire. En collaborant avec l’Inde, un acteur émergent de l’industrie de défense mondiale, Rabat affirme aussi sa volonté de s’affranchir des dépendances traditionnelles et de miser sur des transferts de technologie ciblés.

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