Algérie en recul, Maroc en progression : que cache l’évolution des fortunes au Maghreb ?

En une décennie, l’Algérie a perdu près d’un quart de ses millionnaires, tandis que le Maroc affiche une progression notable. Ce contraste intrigue les observateurs de la région. Derrière ces chiffres se dessinent des dynamiques économiques, politiques et sociales différentes qui méritent attention. Le rapport annuel Africa Wealth Report 2025, publié par Henley & Partners, fournit des données éclairantes sur cette évolution.

Des trajectoires opposées en une décennie

Selon le rapport, l’Algérie a enregistré une baisse de 23 % du nombre de ses millionnaires au cours des dix dernières années. Le pays, confronté à une dépendance persistante aux hydrocarbures et à un climat économique marqué par l’instabilité, voit une partie de ses élites financières s’expatrier. Certains experts évoquent aussi la faiblesse de la diversification économique et les incertitudes liées aux investissements étrangers, facteurs qui peuvent expliquer ce recul.

À l’inverse, le Maroc se distingue par une progression de 40 % du nombre de millionnaires sur la même période. Le royaume compte désormais environ 7 500 personnes disposant d’un patrimoine supérieur à un million de dollars. Parmi les villes, Marrakech affiche une hausse remarquable de 67 %, devenant ainsi l’un des pôles de richesse les plus dynamiques du continent. Cette croissance est attribuée à une politique de diversification économique, au développement touristique et à l’ouverture accrue aux investissements étrangers.

Cette opposition entre les deux voisins du Maghreb est d’autant plus frappante que, sur le plan continental, l’Afrique connaît dans son ensemble une croissance des grandes fortunes. Cela souligne le caractère spécifique de la trajectoire algérienne par rapport à la tendance générale.

Quelles explications derrière ce contraste ?

Le rapport pointe plusieurs facteurs pouvant éclairer cette divergence. Au Maroc, la montée en puissance des secteurs financiers, industriels et touristiques a consolidé une classe de plus en plus aisée. Les projets d’infrastructures, l’attractivité des zones franches et une stabilité institutionnelle relative expliquent en partie cette dynamique. Le pays est par ailleurs en bonne position pour accueillir davantage d’investissements étrangers dans les années à venir, notamment en Afrique subsaharienne où ses entreprises sont déjà présentes. Une partie de ces évolutions pourrait être explorée dans de futures analyses économiques plus détaillées.

En Algérie, la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures reste une contrainte majeure. La baisse des revenus énergétiques à certaines périodes de la décennie a pesé sur l’accumulation de richesses. De plus, l’environnement des affaires est souvent jugé difficile, ce qui peut encourager une fuite des capitaux ou l’expatriation des fortunes vers des destinations jugées plus sûres. Cette tendance n’est pas propre à l’Algérie, mais son ampleur y est plus marquée. Plusieurs analystes soulignent aussi l’importance de réformes structurelles pour inverser cette tendance.

Enfin, il faut noter que la concentration des richesses au Maroc ne va pas sans défis sociaux. La progression du nombre de millionnaires ne signifie pas nécessairement une réduction des inégalités, qui demeurent un enjeu de taille. De même, en Algérie, la perte de richesse parmi les élites économiques n’implique pas automatiquement une redistribution vers d’autres catégories sociales.

L’évolution contrastée des fortunes au Maghreb reflète donc des trajectoires économiques profondément différentes. Tandis que le Maroc s’impose comme un pôle de croissance des grandes fortunes en Afrique, l’Algérie enregistre un recul qui interroge sur sa capacité à diversifier son économie et à retenir ses élites financières.

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