L’Australie franchit un nouveau cap dans sa stratégie de défense maritime avec l’acquisition de 11 frégates de classe Mogami auprès du groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI) pour un montant estimé à six milliards de dollars américains (5,2 milliards d’euros). Cet achat s’inscrit dans un contexte régional marqué par la montée en puissance de la marine chinoise, et renforce une coopération sécuritaire croissante avec le Japon.
Un contrat inédit dans l’histoire de l’exportation militaire japonaise
L’accord signé entre Canberra et Tokyo constitue la plus importante vente d’équipements militaires japonais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale précise RFI. Longtemps restreint par sa Constitution pacifiste, le Japon a récemment assoupli ses règles d’exportation d’armes, permettant la conclusion de ce contrat d’envergure.
Les frégates Mogami sélectionnées sont conçues pour la guerre navale moderne. Furtives, modulaires et dotées de systèmes de lancement vertical de 32 cellules, elles sont capables de tirer des missiles de croisière Tomahawk à longue portée. Leur arrivée dans la flotte australienne est prévue d’ici 2030, pour remplacer les frégates de classe Anzac actuellement en service depuis les années 1990.
Une coopération stratégique renforcée en Asie-Pacifique
Ce partenariat bilatéral illustre l’évolution des alliances stratégiques dans la région Asie-Pacifique. L’Australie, confrontée à une compétition croissante en mer de Chine méridionale, cherche à moderniser et à renforcer ses capacités navales. Dans le cadre de sa réforme militaire entamée en 2023, Canberra prévoit de porter sa flotte de grands navires à 26 unités au cours des dix prochaines années.
Le choix de MHI s’est imposé face à une concurrence internationale incluant ThyssenKrupp Marine Systems (Allemagne), ainsi que des groupes espagnol et sud-coréen. Pour le ministre australien de la Défense, Richard Marles, la frégate Mogami représente « le meilleur choix pour répondre aux défis sécuritaires actuels« , vantant ses performances techniques et son interopérabilité avec les forces alliées.
Un signal stratégique adressé à Pékin et au-delà
En se tournant vers le Japon, l’Australie consolide une alliance régionale qui dépasse le simple domaine commercial. Le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, y voit un symbole de confiance technologique et un jalon supplémentaire vers une défense conjointe plus intégrée. Cette synergie s’inscrit également dans le cadre d’autres initiatives, telles que le partenariat de sécurité AUKUS entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, visant à contrebalancer l’influence croissante de la Chine.



