Les exportateurs kényans s’apprêtent à franchir une nouvelle étape sur la scène internationale. Le président William Ruto a annoncé qu’un accord avec la Chine permettra prochainement aux producteurs de thé, café, avocats et autres denrées de pénétrer le marché chinois sans tarifs douaniers.
Un accord stratégique pour les producteurs kényans
Négociée en partie lors de la visite du chef de l’État à Pékin en avril, cette mesure vise à offrir aux agriculteurs un accès privilégié à un marché de plus d’un milliard de consommateurs. Les discussions bilatérales sont en phase finale, et l’entrée en vigueur est attendue dans les prochains mois.
Pour Nairobi, cet accord représente une opportunité majeure de diversification commerciale, alors que le pays cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de partenaires traditionnels comme les États-Unis, qui appliquent désormais 10 % de droits de douane sur certaines exportations kényanes.
Un contexte commercial en mutation
Jusqu’ici, le Kenya bénéficiait largement de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), un dispositif permettant à de nombreux produits africains d’entrer aux États-Unis sans droits de douane. Cet accord, particulièrement avantageux pour l’industrie textile kényane, doit expirer en septembre, incitant les autorités à anticiper de nouvelles voies d’exportation.
La Chine, pour sa part, reste un partenaire commercial dominant dans la région. En 2024, les importations chinoises vers le Kenya ont atteint plus de 4 milliards de dollars, tandis que les exportations kényanes vers le marché chinois ne représentaient qu’environ 204 millions de dollars. L’ouverture sans droits de douane pourrait contribuer à réduire ce déséquilibre structurel.
Diversification et équilibre des échanges
« C’est dans le meilleur intérêt du Kenya », a affirmé William Ruto, en réponse aux critiques sur l’intensification des échanges avec Pékin. Pour les acteurs du secteur agricole, la suppression des tarifs pourrait stimuler la production, améliorer la compétitivité et renforcer la visibilité des produits kényans sur la scène mondiale.
Cette ouverture contraste avec la tendance inverse observée ailleurs, à l’image de Donald Trump aux États-Unis, qui a fait du relèvement des droits de douane un outil politique, créant des remous dans le commerce international. Là où Washington mise sur la protection tarifaire, Nairobi choisit l’intégration commerciale pour élargir ses débouchés.



