En Chine, Poutine, Modi, Erdogan et Pezeshkian affichent l’unité d’un monde multipolaire

La ville de Tianjin accueille cette semaine un sommet exceptionnel de l’Organisation de coopération de Shanghai. Les présidents russe, iranien, turc et le Premier ministre indien s’y retrouvent aux côtés de Xi Jinping. Un moment fort où plusieurs puissances affichent leur volonté commune de promouvoir un ordre mondial multipolaire, à rebours de l’hégémonie occidentale.

Un sommet qui réunit des acteurs clés

La présence simultanée de Vladimir Poutine, Narendra Modi, Recep Tayyip Erdogan et Masoud Pezeshkian en Chine constitue un fait diplomatique rare. Réunis autour de Xi Jinping dans le cadre du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), ces dirigeants multiplient les déclarations en faveur d’un « nouvel équilibre mondial ». Pour Moscou, la rencontre sert à resserrer les liens avec Pékin à un moment où la Russie fait face aux sanctions occidentales. Pour l’Inde, il s’agit d’un exercice d’équilibrisme, entre méfiance stratégique vis-à-vis de la Chine et nécessité d’afficher une coopération régionale.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en visite en Chine pour la première fois depuis cinq ans, met en avant sa volonté de relancer ses discussions bilatérales avec Pékin. De son côté, le président iranien Masoud Pezeshkian insiste sur l’importance d’intégrer davantage son pays aux initiatives régionales. Ces agendas convergents soulignent la place grandissante qu’occupe la Chine comme pôle diplomatique.

Le programme de Vladimir Poutine illustre cette orientation. En plus des sessions plénières à Tianjin, il participe à des rencontres bilatérales et doit rejoindre Pékin pour assister au défilé militaire du 3 septembre, commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sa présence entend envoyer un signal d’unité militaire et politique face aux pressions occidentales.

Vers un ordre multipolaire assumé

L’OCS, créée en 2001, s’affirme comme une plateforme où s’exprime la volonté de bâtir un ordre multipolaire. La rencontre de Tianjin montre que la Chine n’est plus seulement un organisateur, mais un véritable centre de gravité diplomatique. En recevant Poutine, Modi, Erdogan et Pezeshkian, Pékin met en avant sa capacité d’attraction, y compris auprès de partenaires aux relations parfois complexes entre eux.

Le Premier ministre indien Narendra Modi insiste sur la nécessité de développer un climat de confiance et invite Xi Jinping au prochain sommet des BRICS prévu en 2026. Du côté russe, Vladimir Poutine dénonce des « sanctions discriminatoires » imposées par l’Occident, tout en martelant que le partenariat sino-russe demeure « sans limites ». La Turquie et l’Iran, quant à eux, profitent du forum pour renforcer leur rôle dans une Eurasie en recomposition.

Au-delà des discours, les discussions portent sur des projets concrets : corridors énergétiques, infrastructures de transport et coopération sécuritaire. Autant de thèmes susceptibles de déboucher sur des accords dans les mois à venir et de renforcer l’idée d’un espace multipolaire.

Cette réunion illustre une tendance plus large : la constitution d’alliances alternatives aux structures dominées par l’Occident. Si des divergences persistent entre certains participants, l’image de Tianjin – où la Chine réunit la Russie, l’Inde, la Turquie et l’Iran – envoie un signal clair. L’idée d’un monde multipolaire, longtemps théorique, prend désormais forme dans des institutions et des gestes symboliques visibles. La Chine s’impose ainsi comme le centre d’un moment diplomatique rare, qui pourrait peser durablement sur les équilibres internationaux.

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