Lors d’une séance du Conseil de sécurité, l’ambassadeur algérien Amar Bendjama a livré un témoignage bouleversant sur la mort de la journaliste palestinienne Mariam Abu Daqqa. La voix brisée, il a lu la lettre d’adieu que la reporter avait adressée à son fils de 13 ans. 245 journalistes auraient perdu la vie depuis le début de l’offensive sur Gaza, selon les chiffres cités par le diplomate. Son intervention a suscité une vive émotion parmi les délégations présentes.
Une séance marquée par une lettre poignante
À New York, au siège des Nations unies, la réunion du Conseil de sécurité a pris une dimension inattendue mercredi. Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie, est revenu sur les pertes subies par les journalistes palestiniens depuis le début des hostilités. D’après les données qu’il a rappelées, 245 reporters ont trouvé la mort, illustrant la gravité des risques encourus par les professionnels de l’information dans la bande de Gaza.
Le moment le plus marquant de son intervention a été la lecture de la lettre laissée par Mariam Abu Daqqa, 33 ans, avant sa disparition. La journaliste s’était adressée à son fils Gaith, âgé de 13 ans, lui confiant son désir qu’il conserve son souvenir avec dignité. Elle lui demandait notamment, s’il avait un jour une fille, de la prénommer « Mariam ». Quelques jours plus tard, la jeune femme a été tuée lors d’un bombardement qui a frappé l’hôpital Nasser, faisant également 20 victimes civiles et emportant quatre autres journalistes.
L’émotion suscitée par ce message a traversé l’assemblée. Le diplomate a dénoncé une politique visant, selon lui, à réduire au silence les voix de Gaza et à entraver la couverture médiatique des événements en cours. Cette prise de parole a marqué l’un des temps forts récents des débats onusiens sur la situation au Proche-Orient.
La ligne constante de l’Algérie sur la question palestinienne
L’intervention d’Amar Bendjama s’inscrit dans la continuité de la politique étrangère de l’Algérie, qui soutient depuis longtemps la cause palestinienne. Dès les premières années suivant son indépendance, Alger a affirmé sa solidarité avec les mouvements de libération et milite régulièrement en faveur d’un État palestinien. Ce positionnement se traduit par un appui constant aux résolutions internationales en ce sens et par des critiques répétées des opérations militaires israéliennes.
Sur le plan diplomatique, l’Algérie rappelle régulièrement les principes inscrits dans la Charte des Nations unies et dans le droit international humanitaire, notamment la protection des civils et des journalistes en zone de guerre. Cette posture lui permet de fédérer des soutiens parmi les pays arabes et africains, mais aussi au sein du Mouvement des non-alignés, où la question palestinienne demeure un sujet central. Plusieurs analystes voient dans ce rôle une stratégie visant à renforcer le poids d’Alger dans les affaires régionales tout en consolidant son image de défenseur du droit des peuples.
Ce rappel s’ajoute à la préoccupation croissante des organisations internationales de défense de la presse. Les pertes humaines enregistrées à Gaza soulignent la vulnérabilité des journalistes en temps de conflit. De nombreux rapports insistent sur la nécessité d’assurer leur protection, estimant qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour la liberté d’informer. Ces débats trouvent un écho au Conseil de sécurité, où les discussions restent toutefois limitées par les divergences politiques entre grandes puissances.
La lecture publique de la lettre de Mariam Abu Daqqa illustre à la fois la dimension humaine de ce conflit et la volonté de certains diplomates d’en rappeler la portée au-delà des bilans chiffrés


