Au Maghreb, l’accès à l’espace Schengen reste un parcours coûteux et semé d’embûches. En Algérie par exemple, la forte demande de visas a parfois ouvert la voie à des arnaques organisées, certains candidats se retrouvant piégés par des réseaux frauduleux promettant de fausses autorisations de voyage. Cette situation témoigne d’un malaise partagé par de nombreux citoyens de la région, pour qui l’obtention d’un visa européen relève à la fois d’une nécessité et d’une épreuve financière.
Une facture record pour les Marocains
Selon des données publiées par le média Hespress, l’année 2024 a été particulièrement marquante au Maroc. Les demandeurs de visa Schengen ont déboursé près d’un milliard de dirhams afin d’obtenir le précieux sésame. Cette somme colossale illustre le poids économique de la procédure pour des dizaines de milliers de familles.
Le nombre de visas délivrés a certes progressé, atteignant plus de 606 000 autorisations, soit une augmentation de 17 % par rapport à 2023. Toutefois, cette avancée reste ternie par un taux de refus encore élevé, estimé à 20 %. Les candidats déboutés, qui n’ont aucun droit au remboursement des frais, ont ainsi perdu plus de 200 millions de dirhams, un manque à gagner qui alimente un sentiment d’injustice.
La France, première destination
La répartition des visas confirme la place centrale de la France dans les liens migratoires et culturels avec le Maroc. Plus de 284 000 documents ont été accordés par les consulats français en 2024, loin devant l’Espagne et l’Italie qui complètent le podium. Cette hiérarchie reflète l’histoire, mais aussi les réalités économiques qui poussent de nombreux marocains à choisir la France comme porte d’entrée vers l’Europe.
Un défi commun au Maghreb
Au-delà des chiffres, la question du visa Schengen soulève un enjeu plus large pour l’ensemble du Maghreb. Les restrictions, les coûts et les refus répétés nourrissent frustrations et tensions, alors même que la mobilité devrait constituer un vecteur d’échanges humains et économiques. L’expérience algérienne comme marocaine montre que cette pression financière ne se limite pas à une statistique budgétaire. Elle façonne des trajectoires individuelles, influence les stratégies familiales et alimente un marché parallèle qui profite aux fraudeurs.
En 2024, les marocains ont ainsi confirmé leur volonté de franchir les portes de l’Europe malgré un coût particulièrement lourd. Une réalité qui interroge sur la soutenabilité, à long terme, d’un système qui génère à la fois des recettes considérables pour les pays européens et une facture difficile à supporter pour des milliers de foyers maghrébins.



