Maghreb: une activiste interpellée pour « offense envers Dieu »

La militante féministe Ibtissame Lachgar, figure engagée pour les libertés individuelles et les droits des femmes au Maroc, a été placée en garde à vue le 10 août après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une photo jugée offensante par les autorités rapporte France 24. L’image la montre portant un tee-shirt avec l’inscription « Allah is lesbian », ce qui constitue, selon la loi marocaine, une offense à la religion islamique.

Une figure controversée du militantisme

Co-fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), Ibtissame Lachgar est connue pour ses prises de position en faveur des droits des femmes et de la communauté LGBTQ+. Fin juillet, elle avait publié sur ses réseaux une photo accompagnée de propos critiques envers l’islam et les religions en général, les qualifiant de « fascistes, phallocrates et misogynes ».

Cette publication a suscité une vague de réactions en ligne, allant du soutien militant à de vives condamnations. Sur Facebook, l’activiste affirme avoir été la cible de milliers de messages de menace, incluant des appels au lynchage et à la lapidation. Elle évoque un « slogan féministe détourné » bien connu, qu’elle dit avoir voulu utiliser dans un cadre militant.

Réaction des autorités et cadre légal

Le parquet marocain a ordonné l’ouverture d’une enquête sur la base des dispositions du code pénal réprimant les atteintes à la religion islamique. Le procureur du roi a confirmé que la militante a été placée en garde à vue dans l’attente d’une décision judiciaire.

Au Maroc, les lois sur le blasphème prévoient des peines d’emprisonnement et des amendes pour toute expression jugée offensante envers Dieu, le Prophète ou la religion. Ces dispositions sont régulièrement dénoncées par les organisations de défense des droits humains, qui estiment qu’elles limitent la liberté d’expression.

Une affaire qui relance le débat sur la liberté d’expression

L’arrestation d’Ibtissame Lachgar intervient dans un contexte où plusieurs militants et internautes marocains ont déjà été poursuivis pour des publications jugées contraires aux valeurs religieuses. Cette nouvelle affaire pourrait raviver les discussions autour de l’équilibre entre liberté d’expression et respect des convictions religieuses, un sujet qui reste particulièrement sensible dans le pays et dans de nombreuses sociétés à majorité musulmane.

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