Sénégal : Bétail disparu, colère et impuissance des éleveurs du Sud

Le Sénégal a pris depuis 2017 une décision forte pour dissuader les voleurs de bétail : faire de cette pratique un crime passible de peines de prison allant de cinq à dix ans, sans possibilité de grâce ni de sursis. Pourtant, malgré ce durcissement, les plaines verdoyantes du Sud continuent d’être le théâtre de razzias répétées. Dans le Balantacounda, à la frontière avec la Guinée-Bissau, la loi semble perdre de son effet au profit d’une violence quasi quotidienne.

Des pertes colossales pour les éleveurs

Entre janvier et août 2025, pas moins de 764 bêtes ont disparu dans le seul département de Goudomp, selon le comité de vigilance local relayé par Sud Quotidien. Parmi elles, seulement 310 ont pu être récupérées, les autres se sont volatilisées de l’autre côté de la frontière. Pour Jean Séraphin Mané, président du comité, il s’agit d’un pillage systématique : « Ces chiffres cumulés pour ces dernières années vont un trésor et une économie colossale qui s’évapore ainsi et avec impunité ». Chaque attaque prive les familles d’un capital essentiel, véritable coffre-fort vivant qui assure l’alimentation, le financement de la scolarité et les cérémonies sociales.

Une frontière poreuse et explosive

Le Balantacounda est devenu une zone de tension où les coups de feu accompagnent désormais les vols. Les bandes armées franchissent la frontière avec une facilité déconcertante. Les éleveurs sénégalais dénoncent les tracasseries administratives et la corruption qu’ils subissent lorsqu’ils tentent de récupérer leurs troupeaux en Guinée-Bissau.

Lassés de constater l’inefficacité des comités paritaires mis en place pour sécuriser la zone, certains menacent aujourd’hui de se faire justice eux-mêmes. La situation est d’autant plus complexe que les voisins bissau-guinéens ne sont pas épargnés : des éleveurs comme Malang Camara reconnaissent que « les cas de vol de bétail sont tout aussi récurrents en Guinée Bissau. D’ailleurs, nous recevons des individus qui nous disent clairement être venus pour une campagne de vol de bétail ».

Le vol de bétail dans le Sud n’est plus seulement une question de sécurité rurale, il devient un enjeu diplomatique et social majeur. Entre une législation nationale qui punit sévèrement mais peine à dissuader, et une frontière ouverte aux trafics de toute nature, les éleveurs vivent une double vulnérabilité. Leur exaspération croissante, mêlée à des pertes répétées, annonce un climat explosif si aucune solution durable n’est trouvée.

1 réflexion au sujet de « Sénégal : Bétail disparu, colère et impuissance des éleveurs du Sud »

  1. Sénégal : Bétail disparu, colère et impuissance des éleveurs du Sud
    D.M.

    Aziz le Sultan doit être actuellement en vacances au Sénégal…Il prépare sa retraite en reconversion du métier de ses ancêtres et a malheureusement choisi le moyen le plus facile pour se faire se procurer du bétail…c’est une piste que la police sénégalaise doit urgemment exploiter avant qu’il planque les animaux chez ses cousins et fuit se réfugier en Alsace 🤣🤣🤣

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