La récente visite de Ousmane Sonko à Ankara a été marquée par une série d’entretiens de haut niveau avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Au centre des discussions, la volonté partagée de porter les échanges commerciaux entre les deux pays à un milliard de dollars. Ce déplacement, qui fait suite à une mission en Chine, confirme l’orientation vers une diversification des partenariats économiques. Le Premier ministre cherche à bâtir des alliances solides au-delà des traditionnels interlocuteurs occidentaux, et la Turquie apparaît désormais comme un acteur clé dans cette nouvelle configuration.
Un montage financier hors des sentiers classiques
Pour stimuler l’investissement dans des infrastructures structurantes sans creuser l’endettement public déjà estimé à 119%, le gouvernement explore un mécanisme financier dit « hors bilan ». Dans ce schéma, les projets ne sont pas financés directement par le Trésor sénégalais mais portés par Turkish EximBank. L’État ne contracte donc pas de prêts inscrits dans ses comptes publics, évitant ainsi de gonfler les ratios d’endettement.
Ce dispositif se rapproche du modèle des partenariats public-privé, où l’opérateur externe finance et exploite l’ouvrage, récupérant son investissement via des redevances ou des concessions. Abdourahmane Sarr, ministre de l’Économie, a confirmé que cette méthode est alignée avec le Plan de redressement économique et social, qui prévoit de mobiliser 90 % des dix milliards de dollars nécessaires grâce à des ressources internes, dans un contexte où l’appui du FMI est suspendu.
Des ambitions économiques et politiques
Cette approche pourrait devenir un levier pour lancer rapidement des chantiers majeurs tout en ménageant les marges budgétaires. Elle ouvre également la porte à des financements innovants où la charge des investissements repose sur des partenaires étrangers, mais avec un contrôle stratégique conservé par le Sénégal.
Pour Sonko, c’est aussi l’occasion de renforcer sa posture sur la scène internationale, en montrant que l’attraction d’investissements n’est pas incompatible avec la prudence financière. Si les négociations avec Turkish EximBank se traduisent en projets concrets, le pays pourrait voir se concrétiser un réseau d’infrastructures vitales sans alourdir la facture de sa dette, un équilibre souvent difficile à atteindre pour les économies émergentes.


