En juillet dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur alertait sur l’ampleur du problème : sur 298 établissements privés répertoriés au Sénégal, 155 n’avaient aucune habilitation officielle. Cette révélation, faite lors de la présentation de l’Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur, avait déjà jeté une lumière crue sur les failles de régulation du secteur. Elle laissait présager des mesures fermes pour protéger l’intégrité des diplômes et éviter la prolifération de titres académiques dénués de valeur légale.
L’ANAQ-Sup tranche et met en garde
Ce jeudi 7 août, l’Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (ANAQ-Sup) a rendu publique une décision qui vient confirmer ces inquiétudes. L’institution affirme ne pas reconnaître les diplômes de doctorat — qu’il s’agisse de PhD, doctorats uniques, d’université ou d’ingénieur — délivrés par certains établissements privés. Motif : ces diplômes ne respectent pas les dispositions du décret n°2012-1116 encadrant le doctorat, ni celles du décret n°2021-1790 modifiant le décret n°2015-582 sur la reconnaissance et l’équivalence des diplômes.
En tant qu’organe régulateur, l’ANAQ-Sup ordonne aux établissements concernés de cesser immédiatement cette délivrance illégale et de se conformer aux textes en vigueur. Pour permettre aux étudiants et aux familles de vérifier la légitimité d’un programme ou d’une institution, l’Autorité renvoie à son site internet, où sont listées les habilitations officielles et les accréditations valides.
Préserver la valeur académique et la crédibilité du système
Cette décision est un signal fort envoyé à un secteur où la demande croissante de formation supérieure a ouvert la voie à des pratiques opportunistes. Un doctorat, au-delà du prestige qu’il confère, engage la responsabilité de l’État et du système universitaire tout entier. Sa valeur ne peut être maintenue que si les conditions d’encadrement, de recherche et d’évaluation répondent à des standards clairs et uniformes.
En agissant ainsi, l’ANAQ-Sup cherche à protéger les étudiants d’investissements académiques inutiles et à préserver la crédibilité du diplôme sénégalais sur la scène internationale. La balle est désormais dans le camp des établissements privés : s’ils veulent continuer à proposer des programmes de troisième cycle, ils devront se conformer aux règles ou renoncer à un segment de formation devenu stratégique.


