Sénégal : Le Magal de Touba à l’épreuve de l’hivernage

L’année dernière, les pluies d’hivernage avaient noyé plusieurs quartiers de Touba dans des scènes d’inondation devenues tristement familières. À quelques semaines du Magal, les images de ruelles impraticables, de maisons envahies par les eaux et de fidèles désemparés résonnent encore dans les mémoires. Ces événements avaient mis à nu les limites d’un système d’assainissement sous-dimensionné face à l’expansion de la ville sainte. Depuis, la crainte que les intempéries viennent perturber le bon déroulement du pèlerinage n’a jamais quitté les esprits.

C’est dans ce contexte que les fortes pluies de ces derniers jours, culminant à 145 millimètres, ont été perçues comme une épreuve grandeur nature. Non pas une catastrophe cette fois, mais un test. Un test pour les ouvrages récemment réalisés, et un test pour les promesses faites. L’enjeu est immense : garantir la sécurité et la mobilité de millions de fidèles qui convergeront bientôt vers Touba.

Une visite stratégique et des assurances techniques

Le directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS), Sény Diène, s’est rendu sur les lieux après l’averse selon APS. Il a inspecté plusieurs sites clés du dispositif hydraulique : stations de pompage, bassins de rétention, canaux et exutoires. À l’issue de sa tournée, le responsable s’est voulu rassurant. « Le système mis en place fonctionne correctement », a-t-il déclaré, précisant que les installations ont réagi comme prévu aux fortes précipitations.

Selon lui, le principal exutoire de Keur Kab, longtemps pointé du doigt pour sa saturation, a tenu. Les eaux ont pu être évacuées, et les zones habituellement touchées sont restées praticables. Cette visite n’était pas anodine. Elle visait à montrer, images à l’appui, que des efforts ont été faits depuis les inondations de 2024, et que ces efforts produisent des résultats tangibles.

Préparer le Magal au-delà des infrastructures

La pluie, dans le contexte du Magal, est bien plus qu’un phénomène météorologique. Elle peut devenir un facteur de désorganisation logistique, une source de stress sanitaire et un défi spirituel. Même si les ouvrages hydrauliques tiennent pour l’instant, le bon déroulement du pèlerinage dépendra aussi de la coordination entre les services de voirie, de santé, de sécurité et de transport. Il faudra anticiper les zones à risque, prévoir des itinéraires alternatifs, renforcer les équipes de maintenance et, surtout, maintenir une veille permanente.

Car si l’assainissement peut absorber une pluie, il ne peut suffire à lui seul à garantir la sérénité du Magal. Les autorités doivent désormais capitaliser sur cette première démonstration technique réussie pour instaurer une culture de la prévention et de la réactivité. Touba attire une foule immense, portée par une ferveur unique, mais exposée à des vulnérabilités bien réelles. Le Magal n’attend pas, et les pluies non plus.

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