Sénégal : Mbour prépare le Septembre Mandingue sous haute surveillance préfectorale

Le préfet du département de Mbour, Amadou Diop, a présidé ce 28 juillet un Comité départemental de développement (CDD) consacré à l’organisation du Septembre Mandingue. Cette période d’initiation et de célébrations culturelles attire chaque année des centaines de milliers de visiteurs.

Une organisation encadrée par les autorités

La rencontre a réuni la Collectivité Mandingue, le Djoudjou Cissé Counda et des représentants des communes de Somone et Malicounda. L’autorité préfectorale a exigé que toute activité liée à la mise en place de cases initiatiques ou à la sortie du Kankourang soit soumise à une commission de validation selon le Sud Quotidien.

Le Kankourang, mémoire vivante des traditions mandingues, accompagne le cycle d’initiation des jeunes garçons et constitue un cadre de transmission des valeurs ancestrales. Chaque mois de septembre, il rythme la vie communautaire de Mbour, où il est perçu comme un rituel sacré et identitaire.

Pour mieux encadrer l’organisation, la Collectivité Mandingue a mis en place un Grand Conseil des Alpha Kafo, cercle de patriarches chargé de veiller à l’authenticité du rite. Arfang Ibrahima Touré a été reconduit au poste de coordinateur du Septembre Mandingue 2025.

Une étude réalisée en 2022 par la Collectivité Mandingue et l’Université Iba Der Thiam de Thiès estimait à 329 000 le nombre de visiteurs accueillis chaque week-end de septembre à Mbour, sur une population départementale de 937 000 habitants. Les retombées économiques concernent le commerce, l’artisanat, le transport, l’hébergement et la restauration.

Préserver l’authenticité du Kankourang

Malgré cet encadrement, la Collectivité Mandingue a récemment exprimé sa profonde déception face à un arrêté préfectoral autorisant des non-initiés à organiser le Kankourang, pourtant classé patrimoine immatériel de l’UNESCO. Les responsables traditionnels dénoncent une marginalisation de leurs avis lors des commissions consultatives et affirment refuser de servir de simple caution symbolique.

Ils rappellent que le Kankourang a été introduit à Mbour en 1904 et que sa vocation n’est pas d’être un spectacle, mais un rituel sacré réservé aux initiés. La multiplication de cérémonies parallèles par des jeunes non qualifiés est perçue comme une dérive qui menace la survie du rite.

Les patriarches mandingues affirment leur devoir de préserver l’authenticité de cette tradition pour les générations futures et appellent à un respect strict des règles qui entourent le Septembre Mandingue.

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