Sénégal : Président Faye mise sur la mobilisation populaire du plan à 5600 milliards

Le Plan de Redressement national, moteur de la stratégie gouvernementale pour les deux prochaines années et demie, a franchi un nouveau cap avec l’allocution du président Bassirou Diomaye Faye. Apparaissant dans un registre à la fois méthodique et mobilisateur, le chef de l’État a défendu un plan présenté comme « la réponse ligne par ligne à une question essentielle : comment allez-vous faire ? » Une question posée avec insistance, dit-il, aussi bien par les Sénégalais que par les partenaires internationaux, dont le FMI.

5600 milliards pour repositionner l’économie

C’est le chiffre clé du moment : 5600 milliards de francs CFA devront être mobilisés pour financer près de 36 mesures structurants, dans tous les secteurs essentiels – agriculture, santé, éducation, énergie, emploi, souveraineté numérique ou encore sécurité alimentaire. Le Président Diomaye Faye n’a pas présenté ce montant comme une projection, mais comme un objectif en cours d’activation, précisant que le plan est déjà en marche.

La démarche revendique un réalisme assumé. Il ne s’agit pas de promesses théoriques, mais de mécanismes identifiés, alignés, chiffrés. Pour le président, ce plan est aussi une réponse politique, qui donne du contenu aux discours de rupture. Face aux doutes exprimés sur la capacité de l’exécutif à agir dans un contexte financier contraint, le détail des montages, ligne par ligne, doit permettre de lever l’ambiguïté et de restaurer la confiance, tant en interne qu’à l’étranger.

S’appuyer d’abord sur les forces internes

Dans un passage particulièrement marquant de son discours, le président a lancé un appel à la mobilisation nationale : « Il nous faut compter d’abord sur nous-mêmes pour nous sortir de ces difficultés. » Cette phrase, qui rappelle les réflexes souverainistes de l’après-indépendance, résume le cœur idéologique du plan : l’État n’attendra pas un chèque du FMI pour engager le redressement. Il agira avec les ressources disponibles, en renforçant les capacités locales, la fiscalité nationale et les leviers internes de financement.

Ce tournant repose sur une conviction forte : le redressement du Sénégal ne viendra ni d’une réforme imposée de l’extérieur, ni d’une injection massive de dettes supplémentaires, mais d’un pacte entre le peuple, son administration et ses élus. La mobilisation populaire ne se limite pas à des slogans. Elle implique des choix budgétaires courageux, des réaffectations de crédits et une tolérance zéro pour la mauvaise gestion.

Gouverner en rendant des comptes

Pour traduire cet engagement en actes concrets, le président Faye a annoncé la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale. À l’ordre du jour : quatre projets de loi sur la transparence et la bonne gouvernance, dont l’adoption rapide est présentée comme un socle juridique du plan de redressement. L’exécutif veut ainsi lier l’efficacité économique à une exigence démocratique de contrôle et de clarté dans la gestion publique.

Loin d’être une simple opération comptable, le plan de redressement dévoilé ces derniers jours ambitionne de réinitialiser les fondations économiques du pays. Son succès reposera autant sur sa capacité à générer des ressources que sur la crédibilité morale et institutionnelle de ceux qui le portent. Le message envoyé est donc double : la rigueur sera financière, mais aussi politique.

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