Le Grand Magal de Touba approche à grands pas, et avec lui, les défis logistiques qui accompagnent un événement d’une telle ampleur. L’édition précédente avait rassemblé environ cinq millions de pèlerins, générant une mobilisation exceptionnelle de ressources humaines, matérielles et financières. À l’instar d’une ville temporaire surgie au cœur du Baol, Touba se transforme pendant plusieurs jours en un pôle économique et spirituel nécessitant une planification rigoureuse. Approvisionnement en eau, gestion des ordures, sécurité, transport et surtout régulation des marchés sont placés sous haute surveillance.
Le commerce, en particulier, devient un point de tension récurrent. L’afflux massif de fidèles provoque une explosion de la demande, que certains commerçants peu scrupuleux peuvent chercher à exploiter par des hausses de prix injustifiées. Cette situation met à mal les efforts de régulation de l’État et alimente un sentiment d’injustice chez les consommateurs.
Anticiper les abus : une brigade locale de surveillance
En visite à Touba à quelques jours du Magal, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a assuré que les stocks de denrées alimentaires de base étaient suffisants. « Nous avons un stock suffisant de pommes de terre et d’oignons, à Touba comme à Mbacké », a-t-il déclaré, selon le quotidien Le Soleil. L’objectif est désormais de garantir l’accès à ces produits à des prix réglementés.
Pour ce faire, le ministre a annoncé la mobilisation de 100 volontaires dans la région de Diourbel. Leur mission est claire : assister les services de contrôle économique dans la surveillance des prix pratiqués sur les marchés et dans les points de vente. Ils agiront en coordination avec les forces de sécurité, afin de prévenir les spéculations abusives et d’assurer une certaine discipline commerciale pendant cette période de forte affluence.
Cette approche participative vise à renforcer la présence de l’État sur le terrain, sans recourir exclusivement à la coercition. Le ministre a également rappelé l’importance de l’engagement moral des commerçants, les exhortant à ne pas céder à la tentation de profiter d’un contexte religieux pour augmenter artificiellement les prix.
Le Magal, révélateur des tensions sur les circuits de distribution
Au-delà de la régulation ponctuelle, la situation révèle les faiblesses structurelles du système de distribution et de conservation des denrées. Serigne Guèye Diop a annoncé le projet de construction d’unités de conservation frigorifique dans la région, capables de stocker entre 20 000 et 40 000 tonnes de produits agricoles, en partenariat avec le secteur privé.
Dans une ville comme Touba, où la demande peut être multipliée par dix en quelques jours, disposer d’une capacité de stockage et d’un encadrement commercial efficace n’est plus une option, mais une nécessité. Le Magal 2025 servira de test pour ces nouvelles mesures.




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