Sénégal : "Vol", "injustice", l'équipe de Basket mauvaise perdante ?

Le Nigeria a remporté son cinquième titre consécutif à l’AfroBasket féminin en dominant le Mali en finale. Pendant ce temps, les Lionnes du Sénégal, autrefois favorites, ont quitté Abidjan bredouilles, battues de justesse par le Soudan du Sud (64-66) dans le match pour la troisième place. Deux défaites d’un souffle, mais qui laissent un goût amer. Le sélectionneur des Lionnes et le président de la Fédération n’ont pas mâché leurs mots, dénonçant un arbitrage partiel et des décisions aux conséquences décisives.

Dans ses propos post-match, Otis Hughley Jr. a ouvertement mis en cause l’intégrité du corps arbitral. Il a pointé deux situations précises : le contact contesté sur Cierra Dillard face au Soudan du Sud, et les trois lancers accordés au Nigeria en demi-finale. Selon lui, « on ne peut décider du sort d’un match sur certaines considérations politiques ». Pour Babacar Ndiaye, président de la FSBB, la sentence est sans appel : « Ce qui s’est passé à Abidjan est scandaleux. C’est du vol. »

Entre frustration légitime et stratégie de diversion

Face à ces déclarations enflammées, une question s’impose : les critiques sont-elles le reflet d’une injustice réelle ou la réaction d’une équipe en panne de résultats ? Les faits de match peuvent toujours alimenter les polémiques. Mais dans un tournoi où toutes les équipes ont été confrontées aux mêmes règles et aux mêmes arbitres, l’accusation d’un complot ou d’une orientation politique de l’arbitrage reste difficile à prouver.

Ce type de sortie publique, aussi virulente soit-elle, n’est pas rare dans le sport de haut niveau. Elle peut traduire une volonté de protéger ses joueuses ou de détourner l’attention d’un problème structurel plus profond. Depuis 2015, le Sénégal n’a plus remporté le moindre titre continental, malgré un effectif régulièrement présenté comme l’un des plus talentueux du continent. Il faut donc aussi s’interroger sur l’efficacité du projet sportif, la gestion des fins de match et la capacité à capitaliser sur l’expérience acquise.

Remettre les compteurs à zéro

Le Sénégal n’a pas démérité, mais il n’a pas su transformer ses ambitions en podium. L’amertume peut être compréhensible. L’indignation aussi. Mais à trop pointer l’extérieur du doigt, on risque de se priver de l’introspection nécessaire à toute progression. Les défaites douloureuses peuvent être des tremplins — à condition d’y chercher des réponses techniques, humaines et organisationnelles.

Plutôt que de s’enfermer dans un discours de victimisation, la Fédération gagnerait à tirer les leçons de cette édition. La performance n’est pas une ligne droite, et le palmarès du Sénégal reste l’un des plus impressionnants du continent. Encore faut-il que l’avenir soit construit sur des bases solides, et non sur la colère de l’instant.

Les Lionnes ont encore un rôle à jouer dans le basket africain. Mais pour redevenir reines, elles devront d’abord redevenir lucides.

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