Malgré des avancées dans l’éducation, l’intégration économique des femmes reste marginale au Maghreb. Dans un rapport publié ce 1er août 2025, la Banque mondiale met en lumière de profonds déséquilibres dans l’accès à l’emploi en Algérie, Maroc, Tunisie et Libye. Le diagnostic est clair : le potentiel féminin demeure largement inexploité, freiné par des obstacles sociaux, institutionnels et économiques.
Un écart qui ne se comble pas
Le taux de participation des femmes à la vie économique dans la région demeure parmi les plus bas au monde. Selon les données collectées, seules 17 % des Algériennes, 20 % des Marocaines, 27 % des Tunisiennes et 35 % des Libyennes sont actives professionnellement. L’écart avec les hommes dépasse souvent 25 points de pourcentage.
Le rapport évoque une stagnation, voire un recul, de certains indicateurs, en dépit de l’amélioration du niveau d’éducation. Les femmes diplômées ne sont pas épargnées par ce déséquilibre. Dans plusieurs pays, plus le niveau d’instruction est élevé, plus la probabilité de se heurter au chômage augmente, notamment dans les professions qualifiées.
Une insertion entravée par des barrières structurelles
Les freins à l’emploi des femmes sont multiples. Au-delà des inégalités de traitement, les chercheuses de la Banque mondiale identifient des causes structurelles : normes sociales restrictives, manque de dispositifs de garde d’enfants, transport peu sécurisé, et discriminations à l’embauche.
À cela s’ajoute un cadre légal souvent incomplet ou inégalement appliqué, notamment en matière de protection contre le harcèlement au travail ou d’accès au crédit. Le secteur informel, où la protection sociale est quasi absente, reste souvent la seule option viable pour de nombreuses femmes.
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Une dynamique contrastée selon les pays
La Libye affiche le taux de participation féminine le plus élevé de la région, mais elle cumule aussi l’un des taux de chômage les plus importants : près de 25 % des femmes actives sont sans emploi, contre environ 12 % chez les hommes. Au Maroc et en Algérie, le fossé entre les ambitions éducatives et la réalité professionnelle est particulièrement visible. La Tunisie, malgré un environnement plus libéral sur le plan juridique, peine également à transformer l’acquis scolaire des femmes en réelle intégration professionnelle.
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Des recommandations ciblées
Pour inverser la tendance, la Banque mondiale recommande d’élargir l’accès à l’entrepreneuriat pour les femmes, notamment en facilitant l’accès au financement et aux technologies numériques. Elle plaide également pour un environnement de travail plus sûr, des politiques familiales plus inclusives et une révision des normes culturelles à travers des campagnes de sensibilisation.
Ces propositions s’ajoutent aux efforts existants, mais leur mise en œuvre dépendra de la volonté politique et de la capacité des États à créer des conditions plus équitables sur le marché du travail.
Un enjeu de développement
Au-delà de la justice sociale, l’inclusion des femmes dans l’économie représente un potentiel économique considérable. Le rapport rappelle que combler l’écart entre hommes et femmes dans l’emploi pourrait faire gagner plusieurs points de PIB aux pays du Maghreb. Dans un contexte de ralentissement économique et de transition démographique, cet enjeu devient stratégique pour la stabilité et la croissance régionale.



