Figure emblématique du football dans les territoires palestiniens, Suleiman Obeid a trouvé la mort le mercredi 6 août lors d’une frappe israélienne dans le sud de la bande de Gaza, alors qu’il se trouvait dans une zone d’attente pour recevoir de l’aide humanitaire. Âgé de 40 ans, ce milieu offensif surnommé tour à tour « le Pelé palestinien », « la Perle noire » ou encore « le Thierry Henry de Gaza », laisse derrière lui un palmarès remarquable et une empreinte indélébile dans l’histoire du sport palestinien.
Un parcours auréolé de buts et d’admiration
Né le 24 mars 1984 dans le camp d’Al-Shati, dans la ville de Gaza, Suleiman Obeid a fait ses débuts au sein du Khadamat Al-Shatea, son club formateur, où il s’est rapidement imposé par sa vitesse de course et ses dribbles incisifs. Son style de jeu spectaculaire lui a valu une reconnaissance nationale et régionale, propulsant son image bien au-delà des frontières du territoire.
Après avoir rejoint le Markaz Shabab al-Am’ari en Cisjordanie, Obeid contribue activement à la conquête du championnat en 2011, avant de revenir dans son club d’origine pour deux périodes (2013-2014 puis 2016-2023), entrecoupées d’un passage au Gaza Sport. Il y décroche notamment le titre de meilleur buteur du championnat en 2016 et 2017, franchissant la barre des 100 buts en carrière.
Capitaine et symbole d’une génération
Ancien capitaine de la sélection nationale palestinienne, Suleiman Obeid incarnait une rare constance dans un environnement sportif souvent mis à mal par les tensions politiques et les restrictions de déplacement. À travers sa trajectoire, il est devenu une figure d’identification pour la jeunesse de Gaza, autant admiré pour ses performances que pour sa résilience dans un contexte d’instabilité chronique.
Son engagement sur les terrains avait pris une dimension quasi militante, participant à chaque match comme à un acte de résistance culturelle. L’annonce de sa disparition suscite une vague d’émotion au sein du monde sportif palestinien, où il était considéré comme un modèle pour les générations futures.
Une disparition qui reflète la fragilité du quotidien à Gaza
La mort de Suleiman Obeid s’ajoute à la longue liste des victimes civiles du conflit en cours entre Israël et le Hamas, qui a déjà provoqué la mort de plusieurs milliers de personnes depuis octobre 2023. Selon les organisations humanitaires, les zones d’attente de l’aide sont devenues des lieux de grand risque, malgré les règles du droit international censées les protéger.
Les circonstances du décès de l’ancien footballeur, survenu alors qu’il attendait une distribution humanitaire, illustrent les conséquences concrètes de la guerre sur la vie quotidienne des civils, y compris des personnalités publiques.
Le sport palestinien frappé en plein cœur
Ce décès marque un nouveau coup dur pour le football palestinien, déjà confronté à d’importants défis structurels : manque d’infrastructures, déplacements compliqués entre les différentes zones des territoires, et fragilité des compétitions nationales. La Fédération palestinienne de football, qui avait déjà déploré la mort de plusieurs joueurs ces derniers mois, dénonce une érosion constante de ses forces vives. Dans ce climat, le souvenir de Suleiman Obeid prend une résonance particulière. Sa carrière, faite de succès sportifs et d’ancrage populaire, continue d’incarner une forme de normalité et de passion dans une région souvent privée des plaisirs simples du sport.
