À Pékin, Poutine fixe sa ligne rouge sur la sécurité de l’Ukraine

En visite en Chine ce mardi, Vladimir Poutine a rappelé que la sécurité de l’Ukraine ne saurait se construire « au détriment » de celle de la Russie. Devant le Premier ministre slovaque Robert Fico, il a défendu l’idée d’un équilibre des garanties sécuritaires en Europe. Ces propos interviennent dans un contexte de rapprochement stratégique avec la Chine, qui multiplie les signes de soutien diplomatique à Moscou. Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, cette déclaration met en lumière les conditions posées par le Kremlin pour toute perspective de règlement.

Une déclaration à forte portée diplomatique

À Pékin, le chef du Kremlin a profité de son entretien avec Robert Fico pour marteler une position qu’il répète depuis le début du conflit : « C’est une décision propre à l’Ukraine de choisir comment assurer sa sécurité. Mais sa sécurité ne peut pas être assurée au détriment de celle d’autres pays, y compris la Russie. » Cette phrase, largement reprise par les médias internationaux, vise autant les autorités de Kiev que leurs alliés occidentaux. Pour Moscou, l’élargissement progressif de l’OTAN vers l’est et la coopération militaire de l’Ukraine avec les pays de l’Alliance constituent une menace directe à ses frontières.

Le choix du lieu et du moment n’est pas anodin. Pékin et Moscou affichent depuis plusieurs mois une entente renforcée, qualifiée de « partenariat stratégique sans précédent ». La Chine, sans reconnaître l’annexion des territoires ukrainiens par la Russie, soutient régulièrement l’argument de Moscou sur la nécessité de garantir une « sécurité indivisible » en Europe. Cette convergence donne une portée supplémentaire aux propos de Poutine, qui s’exprime sur le sol chinois à un moment où les relations sino-russes se veulent exemplaires face à la pression occidentale.

Cette visite est aussi l’occasion pour Moscou de montrer qu’elle n’est pas isolée. Les rencontres bilatérales avec Pékin se multiplient depuis 2022, traduisant une volonté d’ancrer la Russie dans un axe diplomatique et économique alternatif à l’Occident. Pour Robert Fico, dont le pays reste membre de l’UE et de l’OTAN, cette entrevue revêt un caractère délicat. Le Premier ministre slovaque entretient une ligne plus souple envers la Russie que la plupart de ses partenaires européens, ce qui explique l’attention particulière portée à son déplacement.

La guerre en Ukraine au cœur des équilibres sécuritaires

Depuis le déclenchement de la guerre en février 2022, le Kremlin défend l’idée que ses actions militaires relèvent d’une logique défensive. La formule utilisée à Pékin s’inscrit dans la continuité de cette justification : la Russie dit vouloir empêcher que la sécurité de l’Ukraine s’adosse à des alliances jugées menaçantes. Cette doctrine, déjà affirmée à plusieurs reprises, rappelle le refus catégorique de Moscou de voir Kiev rejoindre l’OTAN.

Le rappel de cette « ligne rouge » intervient alors que les combats se poursuivent dans l’est et le sud de l’Ukraine. Selon les autorités locales, de récents bombardements russes ont fait plusieurs victimes civiles, illustrant la persistance d’un conflit qui dure depuis plus de trois ans. Sur le plan militaire, les alliés de Kiev continuent d’apporter un soutien en armements, accentuant la rivalité sécuritaire au cœur de l’Europe. Les déclarations de Pékin apparaissent donc comme une tentative de fixer le cadre de futures négociations, même si celles-ci restent lointaines.

Ce discours a été largement relayé par la presse internationale. Le Monde a souligné que cette mise en garde illustre la position intransigeante du Kremlin dans toute discussion sur un éventuel cessez-le-feu. TF1 Info a insisté sur l’importance du lieu — Pékin — qui donne une dimension supplémentaire au message russe. La Dépêche et d’autres médias ont mis en avant le ton ferme adopté par Poutine, destiné autant à ses interlocuteurs européens qu’aux dirigeants ukrainiens.

Au-delà du message politique, cette sortie alimente les débats sur la sécurité européenne. Certains analystes estiment que la Russie cherche à imposer une nouvelle architecture de sécurité où ses intérêts seraient prioritairement reconnus. D’autres rappellent que l’argument du Kremlin est difficilement dissociable de la réalité militaire sur le terrain, où l’Ukraine continue de subir des frappes quasi quotidiennes.

Le lien étroit avec Pékin pourrait enfin renforcer la capacité de Moscou à peser dans les discussions internationales. Pour la Chine, présenter un front commun avec la Russie permet de s’affirmer comme acteur incontournable sur les grandes questions stratégiques mondiales. Pour Moscou, c’est l’opportunité de montrer que ses positions trouvent encore un écho au-delà de son propre espace d’influence.

2 réflexions au sujet de “À Pékin, Poutine fixe sa ligne rouge sur la sécurité de l’Ukraine”

Laisser un commentaire