Les rapports diplomatiques entre la France et l’Algérie traversent une phase de crispation intense. La reconnaissance par Paris du plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, l’expulsion réciproque de diplomates au printemps 2025, ou encore la décision d’Emmanuel Macron de restreindre les facilités de visa pour les responsables algériens ont alimenté un climat de défiance. Ces tensions, auxquelles s’ajoutent des querelles symboliques comme l’affaire de la pâte à tartiner El Mordjene bloquée par les douanes françaises, traduisent un refroidissement durable dans les relations bilatérales.
Deux stratégies opposées de gestion migratoire
En France, l’accord de 1968 qui donnait aux Algériens un statut particulier a progressivement perdu sa portée. Hormis quelques avantages résiduels liés à la vie familiale ou à l’activité indépendante, la législation française traite désormais la majorité des ressortissants algériens comme les autres étrangers hors Union européenne. L’approche est uniforme, sans distinction particulière selon les besoins du marché du travail ou les relations bilatérales.
L’Italie, sous l’impulsion de Giorgia Meloni, adopte une logique différente. D’un côté, elle se montre plus souple sur l’immigration légale, en ouvrant des voies encadrées pour attirer des travailleurs étrangers, notamment algériens, afin de combler des manques dans certains secteurs économiques. Mais de l’autre, elle applique une sévérité marquée face à l’immigration clandestine. Patrouilles renforcées en Méditerranée, accords avec la Tunisie et la Libye, expulsions accélérées : la lutte contre les traversées illégales constitue un pilier central de sa politique. Autrement dit, Rome garde la main ferme aux frontières tout en aménageant des portes d’entrée officielles pour les profils recherchés.
Un équilibre qui modifie l’attractivité
Ce double visage italien crée une situation contrastée par rapport à la France. Si Paris garde l’avantage d’une diaspora déjà fortement implantée et de liens historiques, la rigidité de ses règles peut décourager de nouvelles installations. À l’inverse, Rome, en conjuguant fermeté contre l’irrégularité et ouverture sélective, devient une option attractive pour les Algériens prêts à passer par des circuits légaux. On pourrait comparer cela à une route à deux voies : en Italie, la circulation est fluide pour ceux qui empruntent les chemins autorisés, mais la barrière est infranchissable pour les autres ; en France, la route est moins différenciée, mais plus étroite pour tous.
Un rapport de force en Méditerranée
Cette différence d’approche confère à l’Italie un levier diplomatique supplémentaire vis-à-vis d’Alger, renforcé par la coopération énergétique. Elle lui permet d’apparaître à la fois comme un partenaire ferme et fiable sur la sécurité, et comme un pays disposé à accueillir légalement une partie de la jeunesse algérienne en quête de perspectives. La France, elle, conserve une place importante grâce à son histoire et à la taille de sa communauté algérienne déjà installée, mais son dispositif migratoire plus rigide peut limiter l’arrivée de nouveaux flux.
Ainsi, le contraste se dessine clairement : l’Italie combine rigueur et pragmatisme, tandis que la France maintient une régulation homogène mais perçue comme moins adaptée aux réalités actuelles des échanges humains entre les deux rives de la Méditerranée.


