Depuis quelques années, le Maghreb attire de plus en plus les géants de l’aéronautique. Les investissements se multiplient dans des pays comme l’Algérie et le Maroc, où des zones industrielles entières se sont spécialisées dans l’assemblage de pièces, la logistique aérienne ou la formation technique. Ce regain d’intérêt s’explique par une combinaison de facteurs : proximité géographique avec l’Europe, disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, mais aussi volonté politique des États de diversifier leurs économies. Ce dynamisme place aujourd’hui la région en compétition directe avec des destinations européennes traditionnelles pour accueillir les nouveaux projets stratégiques des compagnies aériennes.
Ryanair mise sur le Maghreb pour ses moteurs
Le dernier acteur à convoiter ce potentiel n’est autre que Ryanair. Selon Bladi.net, la compagnie low-cost prévoit un investissement de 400 millions d’euros pour installer deux usines de maintenance de moteurs. Michael O’Leary, son directeur général, a précisé que les discussions portent à la fois sur la péninsule ibérique et sur le Maroc. L’argument décisif repose sur la capacité d’un pays à offrir une main-d’œuvre abondante et abordable, un critère où le royaume chérifien dispose d’un avantage certain.
Pour Ryanair, il s’agit d’un enjeu vital. La maintenance des moteurs constitue l’un des postes de dépense les plus lourds pour une flotte de plusieurs centaines d’appareils. Disposer de ses propres infrastructures, plutôt que de dépendre uniquement de prestataires extérieurs, permettrait à la compagnie de réduire ses coûts tout en accélérant les délais d’entretien. Le choix du Maroc, s’il est confirmé, renforcerait ainsi la tendance observée ces dernières années où le pays devient un hub régional incontournable dans l’aéronautique.
Une compétition régionale qui s’intensifie
L’arrivée possible de Ryanair au Maghreb illustre aussi une rivalité silencieuse entre pays méditerranéens pour attirer les grandes industries. Tandis que l’Espagne et le Portugal mettent en avant leurs infrastructures déjà rodées, Rabat joue la carte de la flexibilité et du coût du travail. En Algérie, des projets similaires se développent, portés par l’ambition d’intégrer davantage les chaînes de valeur mondiales.
Si les négociations aboutissent en faveur du Maroc, cela confirmerait la montée en puissance du royaume dans un secteur qui, il y a encore vingt ans, semblait inaccessible. Pour Ryanair, c’est aussi un signal clair. L’avenir de son modèle low-cost dépendra non seulement du prix des billets, mais aussi de sa capacité à maîtriser ses infrastructures techniques. Pour la région maghrébine, chaque projet de cette ampleur agit comme un levier d’emploi et un catalyseur de savoir-faire local.



