Depuis des décennies, Royal Air Maroc a imposé son rythme sur les liaisons africaines. Avec une flotte moderne et un réseau étendu reliant Casablanca à plusieurs dizaines de capitales du continent, la compagnie marocaine s’est hissée au rang de référence régionale, comparable à un hub central où transitent voyageurs, affaires et cargaisons. Elle a su développer des correspondances efficaces vers l’Europe et l’Amérique, offrant aux passagers africains un accès fluide aux marchés internationaux. Cette domination aérienne a longtemps limité la visibilité et l’expansion de ses voisines maghrébines, reléguées à des positions secondaires. Mais les ambitions et les stratégies récentes montrent que la donne pourrait évoluer rapidement.
L’Algérie veut élargir ses ailes
Lundi, la direction d’Air Algérie a annoncé une stratégie ambitieuse : multiplier par deux le nombre de ses dessertes africaines d’ici quelques années. L’objectif affiché est de passer d’une dizaine de destinations aujourd’hui à plus de vingt d’ici 2028. Parmi les priorités figure l’ouverture d’une liaison régulière vers le Tchad, considérée comme un axe stratégique pour se rapprocher du centre du continent.
Cette déclaration a été faite par le PDG Hamza Benhamouda lors de la 4ᵉ édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), selon l’Agence de presse algérienne (APS). Derrière cette offensive se profile la volonté de repositionner Alger comme plateforme régionale. L’idée est simple : ne plus laisser à Casablanca le monopole du rôle de passerelle entre l’Afrique et le reste du monde.
Vers un face-à-face inédit
Cette accélération annonce un duel commercial qui pourrait remodeler la carte aérienne africaine. Pour les passagers, les perspectives sont claires : davantage de choix, des trajets plus courts et, peut-être, une concurrence tarifaire bénéfique. Pour les deux compagnies, en revanche, la bataille s’annonce rude : Air Algérie devra combler son retard organisationnel tandis que Royal Air Maroc devra défendre son avance.
Ce bras de fer, s’il tient ses promesses, pourrait transformer le ciel africain en terrain d’innovation et d’opportunités, avec pour grands bénéficiaires les voyageurs du continent.



