L’arrestation de Me Ini Benjamine Doli, avocate connue pour ses critiques envers le régime burkinabé, suscite une vive controverse. L’Ordre des avocats du Burkina Faso dénonce une interpellation aux allures d’enlèvement, qui s’écarte des procédures pénales habituelles et soulève de sérieuses inquiétudes quant au respect de l’État de droit.
Les faits remontent à la nuit du 31 août au 1er septembre. De retour de vacances, l’avocate a été appréhendée à son domicile de Ouagadougou par des hommes armés se présentant comme des gendarmes. Ces derniers auraient forcé son domicile, l’auraient emmenée de force et confisqué ses équipements informatiques. L’Ordre des avocats a mis plusieurs jours à confirmer qu’elle était bien aux mains de la justice. Pour ses confrères, il s’agit d’une pratique de plus en plus courante qui est totalement étrangère à la procédure légale et qu’ils ont publiquement dénoncée. Ils exigent la libération immédiate de leur consœur et le respect de la loi.
Me Ini Benjamine Doli est une figure critique de la junte au pouvoir. Elle avait notamment dénoncé la détérioration de l’image de l’armée burkinabé, qu’elle jugeait responsable d’« enlèvements, tortures et séquestrations ». Elle avait également interpellé, dans une lettre ouverte, le président russe Vladimir Poutine, l’exhortant à intervenir auprès des dirigeants de l’Alliance des États du Sahel pour qu’ils cessent d’associer la Russie à des pratiques jugées criminelles.
Le procureur près le tribunal de grande instance de Ouaga 1, Blaise Bazié, a confirmé l’ouverture d’une enquête contre l’avocate pour « trahison, outrage au chef de l’État et entreprise de démoralisation des forces armées ». Cependant, les circonstances de son arrestation, qualifiées d’« enlèvement » par le barreau, mettent en lumière les tensions entre la junte militaire et les défenseurs des droits de l’homme et des libertés individuelles. La légalité de cette interpellation reste une préoccupation majeure pour la profession juridique et les observateurs de la situation politique au Burkina Faso.



