Entre la Chine et les USA, la nouvelle bataille technologique

Les autorités chinoises ont demandé à plusieurs grandes entreprises du pays de cesser l’acquisition de certaines puces d’intelligence artificielle produites par l’américain Nvidia. Cette mesure, révélée mi-septembre, marque une étape supplémentaire dans les tensions technologiques entre Chine et États-Unis. Elle survient alors que Washington multiplie les restrictions sur les semi-conducteurs stratégiques. L’enjeu dépasse les seuls acteurs industriels, puisqu’il touche à la fois la souveraineté numérique et la sécurité économique. Les répercussions pourraient aussi concerner les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Une interdiction ciblée sur les puces de Nvidia

La State Administration for Market Regulation (SAMR) aurait donné pour instruction à des groupes comme Alibaba ou ByteDance de stopper l’achat de la puce RTX Pro 6000D, un modèle conçu pour l’IA générative. Pékin invoque des considérations liées à la loi antimonopole nationale, estimant que l’offre américaine limite la marge de manœuvre des entreprises locales. La mesure ne viserait pas l’ensemble du catalogue Nvidia, mais des composants précis, également touchés par les restrictions d’exportation imposées par Washington. L’annonce intervient dans une période où la recherche d’alternatives locales est encouragée par le gouvernement chinois. Certaines firmes affirment désormais que leurs processeurs atteignent un niveau comparable à celui des puces concernées.

Cette décision pourrait ouvrir un nouveau champ de compétition entre les industriels des deux pays. Le secteur des semi-conducteurs étant au cœur des développements en intelligence artificielle, tout durcissement réglementaire affecte directement la capacité des entreprises à innover. Les analystes notent que la Chine accélère parallèlement ses investissements dans la production locale, alors que des initiatives similaires sont observées aux États-Unis et en Europe. Dans ce cadre, plusieurs acteurs de l’industrie surveillent attentivement les prochaines annonces officielles, qui pourraient préciser la portée exacte de l’interdiction.

Les précédents Huawei et TikTok comme repères

Cet épisode rappelle d’autres tensions technologiques récentes. L’affaire Huawei, placé sous embargo par les États-Unis dès 2019, avait marqué un tournant. Privée de composants et d’accès à certaines plateformes, l’entreprise avait vu son activité internationale fortement réduite. Pourtant, après plusieurs années de difficultés, le groupe a réussi à relancer sa production de smartphones grâce à ses propres puces et à un soutien public massif, illustrant la capacité d’une firme chinoise à rebondir malgré les restrictions.

De son côté, TikTok a été au centre de débats politiques aux États-Unis, avec des tentatives de bannissement au nom de la sécurité nationale. Même si l’application continue de fonctionner, elle reste soumise à une surveillance renforcée et à la menace de nouvelles contraintes légales. Ces précédents montrent que les mesures prises dans le domaine technologique s’inscrivent dans une confrontation plus large, où se croisent enjeux industriels, diplomatiques et réglementaires. Ils constituent aussi un avertissement pour les autres entreprises susceptibles d’être touchées par des restrictions similaires.

La confrontation actuelle autour des puces Nvidia illustre ainsi une rivalité stratégique durable. Alors que Pékin mise sur le développement d’une industrie locale des semi-conducteurs, Washington poursuit sa politique de contrôle des exportations. Les prochains mois permettront de mesurer jusqu’où chaque camp est prêt à aller dans cette bataille technologique.

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