Le conflit russo-ukrainien a bouleversé les équilibres énergétiques mondiaux. C’est ainsi que les pays européens ont décidé de diversifier au plus vite leurs approvisionnements. L’Espagne, qui dépendait fortement de ses contrats historiques avec l’Algérie, a multiplié les alternatives pour ne pas se retrouver en situation de vulnérabilité. Dans ce jeu d’alliances et de compétitions, les États-Unis se sont progressivement imposés comme un acteur incontournable sur le marché ibérique.
Les États-Unis prennent la première place
Au mois d’août 2025, les cargaisons américaines de gaz naturel liquéfié (GNL) ont dominé les importations espagnoles avec 10,58 térawattheures, soit plus de 38 % du total. Cette performance relègue l’Algérie, fournisseur de longue date et de premier choix, au deuxième rang avec 10,093 térawattheures, représentant 36,4 % des volumes. Après avoir tenu la tête du classement deux mois de suite, Alger doit céder face à la puissance logistique et commerciale américaine.
L’image est parlante : d’un côté, un gazoduc transméditerranéen qui illustre une relation ancienne et stable, de l’autre, une flotte de méthaniers capables de livrer rapidement de grandes quantités, un peu comme une armée de cargos qui prennent le large dès que les prix deviennent favorables. Cette flexibilité a permis aux USA de supplanter Alger sur le marché espagnol en l’espace de quelques semaines.
L’équilibre des forces énergétiques en mutation
Ce basculement met en évidence un phénomène plus large : les parts de marché ne sont plus acquises, même pour des partenaires historiques. L’Espagne, en diversifiant ses sources, se donne une marge de manœuvre qui lui évite de dépendre d’un seul fournisseur. Pour l’Algérie, la concurrence américaine est redoutable car elle repose sur une capacité d’exportation très réactive et sur des prix qui séduisent les acheteurs européens.
Au-delà des chiffres, c’est un signal stratégique : le marché gazier ibérique devient un terrain d’affrontement où les positions peuvent se renverser rapidement. Alger conserve des atouts solides grâce à la proximité géographique et aux contrats de long terme, mais son leadership n’est plus assuré. Les prochains mois diront si cette perte de terrain est passagère ou si l’Espagne s’oriente durablement vers une dépendance accrue aux États-Unis.



