Depuis plusieurs années, les USA développent des partenariats militaires ciblés avec les pays du Maghreb. Ces programmes vont bien au-delà des ventes d’armements classiques : ils consistent souvent à transférer des compétences techniques afin de bâtir des savoir-faire locaux durables. On retrouve par exemple des formations en sécurité maritime, en cyberdéfense ou encore en logistique. Dans ce paysage de coopération multiforme, le Maroc occupe une place privilégiée, bénéficiant d’initiatives régulières visant à consolider ses capacités dans des domaines spécialisés.
Former une expertise nationale durable
Le dernier projet mené conjointement par les Forces armées royales et le Commandement des États-Unis pour l’Afrique illustre cette dynamique. Les deux armées viennent de conclure un cycle complet de formation consacré à la neutralisation des explosifs et munitions, une discipline connue sous l’acronyme EOD (Explosive Ordnance Disposal). L’objectif dépasse l’apprentissage ponctuel : il s’agit de donner au Maroc les moyens de disposer d’équipes capables de gérer, de manière autonome et conforme aux standards internationaux, les dangers liés aux restes explosifs de guerre.
Pour y parvenir, la démarche a combiné plusieurs volets : des cours théoriques pour comprendre les mécanismes de détonation, un travail doctrinal pour établir des procédures claires, et des exercices pratiques sur le terrain afin de tester les savoir-faire dans des conditions proches du réel. Cette approche intégrée, initiée dès 2016, a permis de bâtir un cadre solide où instructeurs marocains et américains ont travaillé côte à côte, à la manière d’artisans qui façonnent ensemble un outil destiné à durer.
Sécurité civile et stabilité régionale
Ce type de coopération n’est pas anodin. Les restes explosifs, hérités de conflits passés ou d’accidents militaires, représentent une menace silencieuse pour les populations et les infrastructures. Un champ miné non identifié peut transformer une zone agricole en terre stérile et rendre un simple déplacement périlleux. En renforçant ses capacités EOD, le Maroc accroît sa capacité à protéger ses citoyens et à sécuriser des zones stratégiques.
Les États-Unis trouvent également leur intérêt dans cette collaboration. Aider un partenaire à développer une expertise interne, plutôt que de dépendre éternellement d’appuis extérieurs, renforce la stabilité de la région et consolide les alliances. Pour le Maroc, c’est une occasion de démontrer son rôle de pays moteur en matière de sécurité et de coopération militaire en Afrique du Nord.
Ce programme illustre une volonté partagée, transformer la lutte contre les dangers explosifs en un domaine maîtrisé localement, au service de la protection civile et de la stabilité régionale. Les mines et munitions non explosées ne disparaissent pas d’elles-mêmes, mais avec des experts formés, elles cessent d’être une fatalité et deviennent un problème que l’on peut anticiper et neutraliser.



