Dans les régions montagneuses du Maghreb, la vie quotidienne reste marquée par des obstacles que les villes ne connaissent plus depuis longtemps. Les villages éloignés doivent composer avec des pistes impraticables en hiver, l’absence d’infrastructures fiables et des trajets interminables pour atteindre un centre de santé ou une école. Pour vendre leurs récoltes ou se soigner, beaucoup n’ont d’autre choix que de parcourir des heures de marche, une réalité qui entretient un sentiment d’abandon et alimente de plus en plus de mobilisations collectives.
Une marche de plusieurs dizaines de kilomètres
Dans la vallée d’Aït Bouguemez, ce sentiment s’est récemment transformé en action. Au début de l’été, des habitants ont quitté leurs villages pour rejoindre le chef-lieu de leur province à pied, après un périple d’environ soixante kilomètres. Ils voulaient ainsi attirer l’attention sur des problèmes récurrents : l’isolement routier, le manque d’établissements scolaires et des soins de santé quasi inexistants.
Des centaines de personnes se sont associées à cette initiative, essentiellement des villageois qui dénoncent le désintérêt des responsables locaux. S’exprimant auprès de RFI, Naima Ouahli, membre du bureau central de l’Association marocaine des droits humains, estime que ces plaintes reviennent depuis des années sans solution concrète.
Des besoins essentiels avant tout
Les participants ne portent pas de discours idéologique. Leurs attentes sont simples et vitales : obtenir de l’eau courante, des écoles accessibles et des services médicaux dignes de ce nom. Ces demandes traduisent la volonté de vivre avec un minimum de dignité. L’effort consenti pour parcourir autant de kilomètres traduit l’urgence et la gravité de la situation.
En réclamant leur désenclavement, ces habitants posent une question de fond : comment assurer une égalité réelle entre territoires, alors que les écarts entre villes et campagnes se creusent ? Si ces inégalités persistent, elles pourraient accentuer la rupture entre les populations rurales et les institutions censées les représenter.
Cette mobilisation révèle un problème structurel qui concerne bien d’autres villages du pays. Les habitants ont fait entendre un message clair : ils ne demandent pas des privilèges, mais l’accès à des conditions de vie décentes. Reste à savoir si les autorités prendront la mesure de cette interpellation et engageront des solutions durables.



