L’Afrique est depuis des décennies un fournisseur incontournable de ressources minières au monde. Du cobalt congolais au manganèse sud-africain, en passant par la bauxite guinéenne ou le lithium du Zimbabwe, le continent abrite une part considérable des réserves mondiales de métaux stratégiques. Ces richesses alimentent des industries essentielles, de la production d’acier jusqu’aux batteries des voitures électriques. Pourtant, cette abondance a souvent profité davantage aux acteurs extérieurs qu’aux pays producteurs eux-mêmes, qui peinent à capter la valeur ajoutée générée par ces matières premières. C’est dans ce climat de déséquilibre que s’affirme aujourd’hui une volonté nouvelle : s’organiser collectivement pour éviter d’être des fournisseurs isolés face aux grandes puissances industrielles.
Vers une coalition africaine des minéraux essentiels
Lors d’une rencontre entre dirigeants africains et représentants de l’Union africaine, un projet ambitieux a été mis sur la table : la création d’une coalition regroupant les nations riches en minéraux critiques. L’objectif affiché est double. D’une part, instaurer une coopération régionale durable qui donnerait plus de poids aux pays producteurs dans leurs négociations internationales.
D’autre part, encourager la transformation locale des minerais plutôt que leur simple exportation à l’état brut. Autrement dit, il ne s’agirait plus seulement d’extraire du cobalt ou du cuivre, mais aussi de développer sur le continent les usines et chaînes de valeur capables de les transformer en produits semi-finis ou finis. Ce projet, que l’UA s’est engagée à accompagner, répond à un constat clair : alors que la transition énergétique mondiale fait exploser la demande de minerais stratégiques, l’Afrique a tout à gagner à mieux contrôler l’usage de ses ressources.
Une réponse à la ruée mondiale sur les ressources africaines
La montée en puissance des technologies vertes – batteries, panneaux solaires, éoliennes – a déclenché une nouvelle ruée mondiale vers les ressources africaines. Des pays comme la Chine, l’Inde, les États-Unis ou encore des partenaires européens multiplient les investissements et les partenariats pour sécuriser leur accès au lithium, au nickel ou aux terres rares. Dans cette course effrénée, les États africains risquent de se retrouver chacun dans leur coin, soumis à une pression concurrentielle qui les fragilise.
En s’unissant, ils espèrent inverser la logique habituelle. Un bloc africain solidaire pourrait, par exemple, fixer des règles communes de commercialisation, négocier des prix plus justes ou encore exiger des conditions de transformation locale avant toute exportation. L’initiative portée par l’Union africaine traduit une prise de conscience stratégique. Sans organisation collective, l’Afrique restera un simple réservoir de minerais au profit des autres. Avec une coalition, elle pourrait enfin transformer ses ressources naturelles en levier de développement durable et en instrument de souveraineté économique. La question n’est plus de savoir si le continent est riche, mais s’il sera capable de transformer cette richesse en prospérité partagée.



