À l’occasion de la 23ᵉ Journée africaine de la médecine traditionnelle célébrée dimanche à Dakar, le directeur général de la Santé publique, Dr Ousmane Cissé, a annoncé l’adoption imminente de nouveaux textes pour compléter l’arsenal juridique existant. Ces mesures visent à garantir un exercice encadré et sécurisé de la médecine traditionnelle, dans un pays où la demande reste massive et les praticiens nombreux. L’État entend offrir aux populations des soins basés sur des préparations fiables et validées scientifiquement.
Vers une Commission nationale de la pharmacopée
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal travaille à la mise en place d’un dispositif réglementaire plus complet pour encadrer la pratique de la médecine traditionnelle. Après la loi 2003-06 du 13 juin 2023, qui avait institué officiellement la pharmacopée sénégalaise, un projet de décret créant la Commission nationale de la pharmacopée et du formulaire national est en préparation. Selon le Dr Ousmane Cissé, deux arrêtés d’application viendront également compléter ce nouveau cadre afin de rendre opérationnels les mécanismes de contrôle et d’évaluation.
Ces mesures, qui doivent être adoptées rapidement, marquent une volonté de l’État de consolider la place de la médecine traditionnelle dans le système national de santé, en l’intégrant dans une logique de régulation comparable à celle de la médecine conventionnelle. Les praticiens pourront ainsi exercer dans un cadre normatif clair, évitant les dérives et garantissant une meilleure confiance du public.
Un secteur vital pour les populations et reconnu par l’OMS
La réforme annoncée s’inscrit dans une dynamique plus large portée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’institution rappelle que jusqu’à 80 % des populations africaines, y compris au Sénégal, recourent à la médecine traditionnelle comme première option de soins. Face à cette réalité, les autorités sanitaires sénégalaises ont progressivement institutionnalisé ce domaine. Depuis 2015, un Comité technique de la pharmacopée traditionnelle évalue les demandes d’homologation de plantes, tandis que des modules d’enseignement ont été introduits à l’Université pour former les futurs professionnels de santé.
Le Sénégal, déjà reconnu par l’OMS pour avoir atteint le niveau de maturité 3 dans son système de régulation pharmaceutique, dispose aujourd’hui d’une base solide pour encadrer cette évolution. La mise en place prochaine de la Commission nationale et des textes associés constitue une étape décisive dans la consolidation de ce secteur stratégique.
Le gouvernement sénégalais espère ainsi combler un vide longtemps dénoncé et donner à la pharmacopée traditionnelle une place pleinement reconnue, sécurisée et valorisée dans le système national de santé.



