Sénégal : Diomaye s'exprime sur des excuses et compensations de la tragédie de Thiaroye

Le président Bassirou Diomaye Faye a évoqué la question des excuses et des compensations liées au massacre de Thiaroye lors d’une interview accordée à France 24. À l’approche de la commémoration du 1er décembre 1944, il estime que la reconnaissance et un geste symbolique de la France contribueraient à apaiser les mémoires. Emmanuel Macron, déjà invité aux cérémonies, avait qualifié en novembre 2024 cet épisode tragique de “véritable massacre”.

Excuses officielles et réparation symbolique

Le chef de l’État sénégalais a déclaré que « les excuses sont importantes », rappelant que d’autres événements de moindre envergure avaient déjà donné lieu à de tels gestes diplomatiques. Il a ajouté qu’une compensation, même modeste — « même avec un franc symbolique » — permettrait de consolider les relations entre Dakar et Paris. Selon lui, un tel acte aurait pour effet de maintenir la relation « sereine » que les deux pays affirment entretenir aujourd’hui.

Cette déclaration intervient alors que les fouilles menées depuis février 2025 ont mis au jour des balles de calibres variés, confirmant que plusieurs types d’armes avaient été utilisés lors de la fusillade. Ces découvertes, rapportées par l’AFP, confortent la thèse d’une opération militaire planifiée et élargissent le champ des responsabilités. Pour les familles des victimes, ces preuves renforcent la nécessité d’un geste officiel de la part de la France, près de 81 ans après les faits.

Une relation bilatérale à redéfinir

Le président Diomaye Faye a déjà rappelé que la France restait un partenaire stratégique du Sénégal. Il avait précisé que la redéfinition en cours de la coopération militaire, avec le départ définitif des troupes françaises, ne s’inscrivait pas dans une volonté de rupture mais dans une volonté de partenariat équilibré. À cet effet, il a annoncé la tenue d’un séminaire intergouvernemental entre les deux pays au mois de novembre prochain, consacré à la coopération politique, économique et sécuritaire.

Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, avait causé la mort de dizaines de tirailleurs « sénégalais » démobilisés, réclamant leur solde à leur retour de la Seconde Guerre mondiale. Dès l’origine, les autorités coloniales avaient minimisé les faits, et l’enquête judiciaire ouverte s’était conclue sans condamnation. La reconnaissance récente par Emmanuel Macron et l’appel du président sénégalais à des excuses officielles replacent cet épisode au cœur de la mémoire collective et des relations franco-sénégalaises.

La prochaine commémoration sera observée avec attention, à la fois par les familles des victimes et par l’opinion publique des deux pays.

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