Membre actif du parti au pouvoir, l’arrestation en mai dernier de Khalifa Ababacar Khoureichi Ba, plus connu sous le nom de Khalifa Rappeur, avait enflammé les débats. Beaucoup y voyaient le signe d’une crispation autour des prises de parole publiques, alors que les interpellations se multipliaient aussi bien dans les rangs du pouvoir que de l’opposition.
Une affaire de diffamation qui vire au symbole
Le rappeur avait été arrêté le 15 mai à la suite de plaintes déposées par Moustapha Sow, administrateur de SF Capital, et Mame Boye Diao, ancien directeur des Domaines. En cause : des vidéos publiées en ligne, jugées diffamatoires et attentatoires à la vie privée. Placé sous mandat de dépôt, l’artiste avait fini par présenter ses excuses et s’engager à retirer les contenus incriminés.
Ses avocats, Me Ciré Clédor Ly et Me Abdou Aziz Diop, ont défendu un dossier qu’ils considéraient lié avant tout à la liberté d’expression. Ils ont insisté sur la bonne foi de leur client, estimant qu’il n’avait pas cherché à troubler l’ordre public. Cette ligne de défense a convaincu le juge d’instruction du 5ᵉ cabinet qui a ordonné sa remise en liberté ce jeudi.
Une libération au goût de débat sur la liberté d’expression
La sortie de Khalifa Rappeur de prison intervient dans un climat marqué par une série d’interpellations médiatisées. Ces derniers mois, des figures proches aussi bien du parti au pouvoir que de l’opposition ont été visées pour leurs propos publics. Le cas du rappeur illustre ainsi la fine frontière entre critique, diffamation et liberté de ton dans un espace politique et médiatique de plus en plus scruté.
Sa libération ne met pas fin aux discussions, mais elle relance un débat de fond : comment concilier la protection des personnes contre la diffamation et le respect du droit à l’expression, surtout lorsqu’il s’agit de personnalités publiques ? Pour les partisans de l’artiste, son retour à la liberté sonne comme une victoire symbolique. Pour d’autres, il rappelle la nécessité de fixer des limites claires afin que la parole publique demeure à la fois responsable et libre.



