La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a confirmé avoir adressé au juge d’instruction une correspondance confidentielle sollicitant la libération provisoire du député-maire des Agnam, Farba Ngom, pour des motifs de santé. La fuite de ce courrier, daté du 2 septembre 2025, a suscité de vives réactions dans la sphère politique et judiciaire. L’institution a tenu à rappeler les règles de confidentialité qui encadrent son travail, tout en réaffirmant son engagement pour la défense des droits humains. Mais ce geste soulève désormais des interrogations sur la cohérence et l’impartialité de son action.
Confidentialité brisée, débat relancé
Dans un communiqué rendu public le 10 septembre, la CNDH a dénoncé la divulgation dans la presse de ce courrier estampillé « confidentiel », estimant qu’il s’agissait d’une infraction passible de poursuites judiciaires.
Au lendemain de la fuite de cette correspondance, le collectif des anciens détenus a ravivé le débat en rappelant qu’il avait saisi la CNDH deux mois plus tôt pour dénoncer ce qu’il qualifie d’inertie de la justice concernant leurs propres dossiers. Selon eux, aucune suite n’a été donnée à leurs demandes. Ils estiment que la réactivité accordée à l’affaire du député-maire contraste avec le silence observé face à leurs plaintes.
Certains responsables et partisans de l’Alliance pour la République (APR) s’interrogent également sur le ciblage de cette démarche. Ils regrettent que d’autres figures politiques du parti de Macky Sall, à l’image de Mansour Faye, détenu depuis plusieurs semaines, n’aient pas bénéficié d’une telle intervention. Ce décalage nourrit un sentiment d’inégalité de traitement et alimente les soupçons de sélectivité.
Un mandat à consolider
La CNDH affirme pourtant vouloir renforcer son rôle dans la protection et la promotion des droits humains. L’institution rappelle avoir organisé en mars dernier un atelier sur la loi d’amnistie, formulant neuf recommandations visant à rendre justice aux victimes et à prendre en compte les dimensions sociales et culturelles de leur souffrance.
Saluant la volonté des nouvelles autorités de lui donner davantage d’indépendance à travers une réforme législative, la Commission voit dans ce projet une opportunité de consolider l’État de droit. Mais pour convaincre, elle devra surmonter les critiques actuelles et démontrer que son action repose sur un principe intangible : défendre tous les citoyens avec la même rigueur, loin des interprétations partisanes.



