Sénégal : Le retour du blé américain après dix ans d’absence

Pendant près d’une décennie, les cargaisons de blé américain avaient disparu des ports sénégalais. Les minoteries du pays s’étaient tournées vers d’autres fournisseurs, principalement la France et l’Argentine, jugés plus stables et mieux intégrés au marché. Cette réorientation avait été renforcée par les régulations internes destinées à contenir les prix du pain et de la farine, rendant l’importation de céréales plus coûteuses difficilement soutenable.

Une cargaison symbolique au port de Dakar

La situation change avec l’arrivée annoncée d’un navire chargé au port de Houston et attendu à Dakar. Cette cargaison représente la première livraison de blé américain depuis dix ans. Elle a été facilitée par la collaboration entre les Grands Moulins de Dakar (GMD), filiale du groupe Seaboard Corporation (entreprise américaine basée au Kansas), et les exportateurs américains. L’événement a été salué comme une étape importante dans la diversification des approvisionnements du pays.

Chaque jour, près de 12 millions de baguettes sont consommées par les ménages sénégalais. Or, le pays importe la totalité de ses besoins en blé, estimés à environ 860 000 tonnes par an pour une valeur de 360 millions d’euros. Face à une telle dépendance, la fiabilité des partenaires commerciaux devient une question de sécurité alimentaire.

Un enjeu stratégique pour la sécurité alimentaire

Le retour du blé américain ne se limite pas à un simple échange commercial. Il illustre l’importance de bâtir des chaînes d’approvisionnement capables de résister aux fluctuations du marché mondial. Les producteurs américains insistent sur la qualité de leur produit et sur leur volonté de nouer des partenariats de long terme avec le secteur meunier sénégalais.

Cette reprise pourrait aussi créer une nouvelle dynamique concurrentielle entre les différents fournisseurs, susceptible de stabiliser les prix et de sécuriser l’offre. À terme, elle pourrait permettre au Sénégal de renforcer sa résilience face aux crises alimentaires et aux tensions sur le marché mondial des céréales.

En rétablissant le lien avec les États-Unis, le Sénégal diversifie ses options et cherche à transformer une dépendance subie en un choix stratégique. La prochaine décennie dira si ce retour marque une parenthèse ou le début d’une relation durable.

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