Six chauffeurs sénégalais enlevés au Mali ont retrouvé la liberté, a confirmé l’Union des Routiers du Sénégal. L’affaire avait suscité un certain trouble, le ministère des Affaires étrangères ayant initialement indiqué ne disposer d’aucune information sur un rapt. À la suite de cet épisode, l’organisation professionnelle appelle ses membres à ne plus franchir les frontières nationales. Une décision qui pose la question de la continuité des échanges avec le Mali, premier débouché commercial du Sénégal.
Des tensions entre sécurité et continuité des activités
L’annonce de la libération par l’Union des Routiers du Sénégal a soulagé les familles, mais elle a aussi ravivé le débat sur la sécurité des corridors routiers vers le Mali. Gora Khouma, président du syndicat, recommande désormais aux transporteurs de limiter leurs trajets au territoire sénégalais. Une telle mesure, si elle devait être suivie, perturberait fortement la circulation des marchandises et pourrait ralentir le commerce régional. Le contraste entre la position du syndicat et le communiqué officiel, qui niait tout enlèvement confirmé, souligne la difficulté à gérer des incidents dans un environnement marqué par l’insécurité.
Un partenaire économique central
L’importance du Mali dans les échanges ne laisse guère de place à l’indifférence. En 2024, ce pays représentait plus de 55 % des exportations sénégalaises vers l’Afrique et environ 21 % des exportations totales. Les cargaisons de ciment, de produits alimentaires et de carburant acheminées quotidiennement illustrent la densité de cette relation. En suspendant ou réduisant les trajets vers Bamako, c’est comme si l’on coupait une artère vitale du commerce sénégalais.
Entre la protection des travailleurs de la route et la nécessité de préserver un flux commercial stratégique, la marge de manœuvre est étroite. La libération des six routiers ne résout pas l’équation posée par les menaces persistantes sur les axes transfrontaliers. Les prochaines décisions des autorités et des transporteurs seront déterminantes pour savoir si le corridor Dakar–Bamako peut rester un lien fiable ou s’il risque de devenir un passage de plus en plus fragile.



