Russie : un ex-footballeur se convertit en soldat en Ukraine

Depuis le déclenchement du conflit en Ukraine, la ligne de démarcation entre le sport, la culture et la guerre s’est brouillée. Des visages connus du grand public ont troqué leur notoriété contre un uniforme, choisissant d’apporter un soutien direct aux armées en présence. Des musiciens, des acteurs et même des sportifs de haut niveau ont rejoint les rangs, certains pour défendre Kiev, d’autres pour soutenir Moscou. Cette implication de personnalités habituellement éloignées des zones de combat illustre la profondeur de la fracture ouverte par l’invasion de février 2022. Parmi les figures les plus marquantes, un ancien international russe a décidé de franchir le pas : Andreï Solomatine.

Un ex-footballeur sur une autre pelouse

À 49 ans, Andreï Solomatine, que les amateurs de football ont longtemps vu défendre les couleurs du Lokomotiv Moscou et du CSKA Moscou, a pris une trajectoire inattendue. L’ancien défenseur, qui a participé à treize rencontres internationales entre 1998 et 2003 et disputé la Coupe du monde 2002, a désormais un tout autre rôle : celui de combattant dans les rangs de l’armée russe. Son nom de guerre, « Soloma », circule aujourd’hui dans les vidéos diffusées par les réseaux proches du Kremlin.

Le plus surprenant reste son passage par l’Ukraine en 2005, où il a brièvement évolué sous le maillot de l’Obolon Kiev. Presque vingt ans plus tard, le voilà engagé dans une guerre contre ce pays où il a un temps joué, une ironie amère qui témoigne de la complexité des choix personnels face aux bouleversements géopolitiques.

Le bataillon Española et la stratégie d’influence

Le documentaire « L’armée des hooligans de Poutine », produit par L’Équipe et intégré à la collection Dark Web, révèle que Solomatine combat au sein du bataillon Española, un groupe paramilitaire engagé aux côtés des forces russes. Cette unité n’est pas qu’une simple formation armée : elle incarne une stratégie d’influence où l’image de personnalités connues sert à galvaniser les troupes et à séduire l’opinion publique.

À travers l’exemple de Solomatine, on mesure comment le sport de haut niveau devient parfois un outil symbolique pour Moscou. Le prestige accumulé sur les pelouses internationales se transforme en levier idéologique, destiné à renforcer le récit patriotique. Cette exposition médiatique suscite autant de fascination que d’interrogations : jusqu’où les célébrités sont-elles prêtes à aller lorsqu’elles choisissent un camp ?

Une guerre où chaque figure compte

Le cas de l’ancien international russe illustre un phénomène plus large : la guerre ne se limite plus aux champs de bataille, elle mobilise aussi les icônes, les réputations et les souvenirs. Les parcours comme celui de Solomatine brouillent les repères et rappellent que l’adhésion ou l’opposition à une cause peut transcender les carrières, les frontières et même les liens passés.

Alors que les deux camps cherchent à gagner non seulement la guerre militaire mais aussi celle de l’image, l’implication de figures médiatiques confère une dimension supplémentaire à ce conflit. En choisissant de rejoindre le front, certains visages connus deviennent, volontairement ou non, des instruments de persuasion. Le football a offert à Andreï Solomatine un nom, la guerre lui donne désormais un rôle bien différent, dans une histoire où chaque geste et chaque visage comptent.

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