L’Allemagne tourne une page dans sa politique migratoire. La procédure dite de turbo-naturalisation, qui offrait aux étrangers particulièrement intégrés la possibilité d’obtenir un passeport allemand après seulement trois années de résidence, disparaît rapporte l’agence Reuters. Les députés ont tranché le 8 octobre 2025, mettant fin à ce dispositif jugé trop dérogatoire.
Un retour à une règle unique
Désormais, une seule durée minimale de résidence est retenue : cinq ans. Cette uniformisation signifie que, quel que soit le degré d’intégration ou d’engagement civique, aucun candidat à la nationalité ne pourra obtenir la citoyenneté allemande avant ce délai. Le vote a rassemblé une coalition inhabituelle : chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates et l’AfD ont fait bloc pour soutenir la réforme, tandis que les Verts et la gauche s’y sont opposés. Cette convergence traduit la volonté d’une partie importante du paysage politique allemand de resserrer les conditions d’accès au passeport.
Ce changement s’ajoute à la refonte opérée en juin 2024, qui avait déjà marqué un tournant. À l’époque, le délai standard de naturalisation était passé de huit à cinq ans et l’Allemagne avait reconnu de façon générale la double nationalité. La possibilité d’une procédure réduite à trois ans pour les migrants considérés comme exemplaires devait alors fonctionner comme une récompense exceptionnelle. À peine plus d’un an après, cette porte vient de se refermer.
Un choix politique aux implications symboliques
Au-delà du calendrier législatif, cette décision illustre une volonté de probablement recentrer la politique migratoire sur un critère de durée de séjour uniforme, plutôt que sur des appréciations qualitatives de l’intégration. Pour beaucoup, c’est un signal adressé autant aux nouveaux arrivants qu’à l’opinion publique : l’accès à la citoyenneté ne sera plus l’objet d’exceptions.
Certains comparent cette suppression à l’abandon d’une file “prioritaire” à l’aéroport : tout le monde passe désormais par le même couloir, quel que soit son billet. L’idée d’un traitement différencié selon le mérite ou l’investissement civique n’a plus sa place dans la législation actuelle. Il n’est pas exclu que la suppression de la naturalisation accélérée refroidisse l’élan de migrants désireux de s’intégrer rapidement. La majorité parlementaire a toutefois privilégié une approche uniforme, estimant que la clarté des règles prime sur les distinctions entre profils.
Une conclusion plus politique que technique
En enterrant la naturalisation accélérée, le gouvernement fédéral met en œuvre l’un de ses engagements phares, moins d’un an après son arrivée. L’Allemagne se dote ainsi d’un cadre simplifié, mais aussi plus rigide. Les prochaines années diront si cette orientation freine l’élan de naturalisations record observé récemment ou si, au contraire, la clarté de la règle renforcera la confiance des nouveaux citoyens potentiels.



