Une Britannique originaire de Basingstoke, dans le Hampshire, affirme avoir « perdu une partie de son identité » après un accident vasculaire cérébral survenu lors de vacances entre amies en Turquie. À son réveil à l’hôpital, Cathy Warren, 29 ans, ne reconnaissait plus sa voix : son accent britannique du sud de l’Angleterre avait laissé place à une intonation rappelant celle de sa mère thaïlandaise rapporte Unilad. Depuis ce jour de septembre 2024, sa vie a basculé. Ce qui devait être un simple dîner d’anniversaire s’est transformé en urgence médicale : vertiges soudains, perte de l’usage des jambes, hospitalisation immédiate. Les examens ont confirmé un AVC, entraînant une paralysie partielle et un trouble rare de la parole.
Un trouble neurologique rare
Le diagnostic officiel est tombé en mars 2025 : syndrome de l’accent étranger (Foreign Accent Syndrome). Ce trouble, extrêmement peu fréquent, modifie la façon dont une personne articule et rythme sa parole après une lésion cérébrale. Les intonations changent, la musicalité de la voix évolue et l’auditeur perçoit un accent étranger.
Selon une étude de l’Université du Texas à Dallas, plus d’une centaine de cas similaires ont été documentés depuis le début du XXᵉ siècle (source : University of Texas at Dallas, sites.utdallas.edu/fas). Certains patients francophones se sont mis à parler avec un accent allemand, d’autres, comme une Japonaise de 44 ans, avec une prononciation perçue comme coréenne. Les chercheurs estiment que ces transformations résultent d’altérations dans les zones cérébrales responsables de la motricité de la parole, et non d’une imitation consciente.
Dans le cas de Cathy, les médecins supposent que la proximité linguistique et émotionnelle avec sa mère, originaire de Thaïlande, a influencé la réorganisation de ses schémas vocaux.
Entre rééducation et incertitude
De retour au Royaume-Uni, la jeune femme a suivi plusieurs mois d’orthophonie. Elle peut désormais remarcher, mais sa voix, elle, ne revient pas. Les spécialistes lui ont expliqué que la récupération complète est incertaine. « J’avais une voix britannique ; aujourd’hui, elle est différente », confie-t-elle.
Son accent, perçu comme thaïlandais, s’est stabilisé au fil des mois. Les séances de rééducation ont permis de renforcer la prononciation, mais sans retrouver le ton familier d’avant l’AVC. Pour elle, cette altération dépasse la simple dimension médicale : c’est une question d’identité.
Une identité bouleversée
Les mots, leur cadence et leur sonorité façonnent la manière dont chacun se perçoit et est perçu. Pour Cathy Warren, chaque échange est désormais un rappel de ce changement irréversible. Son accent n’est pas qu’une curiosité clinique : il est devenu le symbole d’une fracture intime entre son passé et son présent.
