Armement : sous pression chinoise, l’Occident face à ses vulnérabilités

À partir du 1ᵉʳ décembre 2025, la Chine appliquera de nouvelles restrictions sur l’exportation de terres rares et de certaines technologies associées. Pékin évoque des raisons de « sécurité nationale », sans détailler les secteurs visés. Ces métaux — tels que le néodyme, le dysprosium ou le terbium — sont pourtant essentiels à la production de composants électroniques, d’équipements de communication, et d’armements modernes comme les radars, missiles guidés ou drones militaires.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (2024), la Chine assure près de 70 % de la production mondiale de terres rares et plus de 80 % du raffinage. Ces parts lui confèrent une position dominante sur une ressource devenue indispensable à l’économie mondiale.

Une dépendance persistante des pays occidentaux

Malgré les efforts récents, l’Union européenne et les États-Unis demeurent largement dépendants des importations chinoises pour leurs chaînes d’approvisionnement industrielles. L’ouverture de nouvelles mines ou d’usines de traitement dans d’autres pays reste lente et coûteuse.

L’Europe, par exemple, importe encore la majorité de ses métaux critiques depuis l’Asie, tandis que le raffinage local demeure limité. Les filières de recyclage progressent, mais leur contribution reste marginale. Les industriels européens, notamment dans les secteurs de la défense et de l’énergie, soulignent la difficulté à sécuriser des alternatives fiables à court terme.

Les réponses occidentales pour sécuriser l’accès aux ressources

Face à cette dépendance, plusieurs initiatives ont été engagées. L’Union européenne a adopté en 2024 le Critical Raw Materials Act, qui fixe pour objectif de produire 10 % et de transformer 40 % des métaux critiques sur son territoire d’ici 2030. Des partenariats ont été signés avec le Canada, l’Australie et la Norvège pour garantir un approvisionnement plus diversifié.

De leur côté, les États-Unis ont renforcé leurs programmes de relocalisation et d’investissement dans l’extraction intérieure, tout en développant des coopérations minières avec l’Australie et le Vietnam. Ces projets nécessitent toutefois plusieurs années avant de devenir opérationnels, et leur rentabilité dépend des prix mondiaux fixés par le marché chinois.

Pékin investit parallèlement dans sa propre puissance militaire

Alors que l’Occident cherche à réduire sa dépendance, la Chine poursuit la modernisation rapide de son armée. Le rapport 2024 du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) indique que le pays est désormais le deuxième budget militaire mondial, derrière les États-Unis.

Le Livre blanc de la Défense chinoise évoque des investissements massifs dans les domaines naval, aérien et spatial, ainsi que dans les technologies de cybersécurité, intelligence artificielle et armes hypersoniques. Ces avancées visent à renforcer la capacité d’autonomie stratégique du pays et à réduire sa dépendance technologique envers l’Occident.

Des répercussions industrielles et stratégiques pour l’Occident

Les restrictions chinoises pourraient avoir des effets mesurables sur plusieurs secteurs. En Europe, les industriels craignent une hausse des coûts de production, des retards dans les programmes d’armement et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Le rapport 2025 de la Commission européenne souligne que les matériaux critiques sont désormais considérés comme un enjeu de sécurité autant qu’économique. Les États membres cherchent à renforcer la recherche, le recyclage et l’innovation pour limiter leur vulnérabilité.

Cette situation révèle une réalité partagée : la puissance militaire repose désormais autant sur la maîtrise industrielle que sur la technologie des armements eux-mêmes. Pékin, en exerçant un contrôle accru sur des ressources clés, rappelle à l’Occident la nécessité de repenser sa résilience économique et stratégique.

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