L’hôtel Azalaï de Cotonou a accueilli dans la matinée du vendredi 17 octobre, l’Atelier d’Orientation Parlementaire sur le travail domestique non rémunéré et l’économie du soin. L’initiative, portée par l’Assemblée nationale en collaboration avec le Population Reference Bureau (PRB) et le Consortium Régional pour la Recherche en Économie Générationnelle (CREF), a réuni de nombreux députés, chercheurs et partenaires techniques autour d’un thème encore peu exploré mais crucial pour le développement du Bénin.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par le professeur Mahougnon Kakpo, Premier Secrétaire parlementaire, représentant le président de l’Assemblée nationale, Louis Gbèhounou Vlavonou. Dans son allocution, il a rappelé que « le travail domestique non rémunéré constitue le socle invisible de notre économie », tout en soulignant la nécessité de repenser les indicateurs économiques traditionnels.
« Le produit intérieur brut, bien qu’utile, ne reflète qu’une partie de la réalité. Il laisse dans l’ombre ce travail invisible, accompli principalement par les femmes, mais essentiel à la stabilité de nos familles et au fonctionnement de notre société », a-t-il indiqué. Le professeur Kakpo a insisté sur la nécessité pour le Bénin de se doter d’outils de mesure et de politiques publiques permettant de valoriser cette contribution, en cohérence avec la Vision 2063 de l’Union africaine et la Vision Bénin 2060. Selon lui, « il ne saurait y avoir de croissance durable sans justice sociale ni équité intergénérationnelle ».
Une réflexion parlementaire fondée sur les données et la recherche
L’honorable Abdoulaye Gounou, député et président de la Commission du Plan, a rappelé que cette initiative s’inscrit dans la continuité des efforts de l’Assemblée nationale en faveur de l’équité et de la justice sociale. « Sous le leadership du président Louis Vlavonou, notre Parlement a déjà posé des actes forts, notamment avec la loi sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce nouvel atelier prolonge cette dynamique », a-t-il affirmé. L’élu a également salué la contribution des experts du CREF et du PRB, dont les analyses économiques et démographiques permettent de mieux appréhender la valeur réelle du travail de soin et du travail domestique. « Il est temps de repenser nos politiques économiques pour inclure cette contribution majeure, souvent invisible mais indispensable », a plaidé le député.
La recherche au service de la décision politique
Au nom du Population Reference Bureau (PRB), Aïssata Fall a qualifié la rencontre d’« historique » pour la reconnaissance de l’économie du soin en Afrique francophone. Elle a salué le leadership du député Gounou, coordinateur de l’initiative parlementaire, et souligné la portée du partenariat entre la recherche et la décision publique. « Voir aujourd’hui la demande venir directement de la sphère politique est un signe fort : la recherche francophone africaine est désormais reconnue comme un outil d’éclairage et d’aide à la décision », a-t-elle déclaré.
Mme Fall a également présenté un livret de vulgarisation élaboré par le PRB et le CREF, mis à la disposition des parlementaires. Ce document simplifie les concepts économiques et démographiques liés à l’économie du soin afin de favoriser leur appropriation par les décideurs publics. Tout au long de la journée, les participants ont échangé sur plusieurs thématiques : le contexte démographique du Bénin, la place du travail non rémunéré dans la matrice de comptabilité sociale, les comptes nationaux de transferts de temps, ou encore la budgétisation sensible au dividende démographique. Les discussions ont mis en lumière un constat unanime : la croissance économique ne peut être durable sans la reconnaissance du travail domestique non rémunéré, majoritairement assuré par les femmes.



