Alors que le regard des marchés se tourne souvent vers l’Asie ou l’Amérique latine pour évaluer la vitalité économique mondiale, l’Afrique subsaharienne continue, elle, d’avancer à pas mesurés mais constants. Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), publié le 14 octobre 2025 et diffuser par Agence Ecofin revoit légèrement à la hausse les perspectives pour la région, estimant la croissance à 4,1 % pour l’année. Une progression modeste, certes, mais révélatrice d’une résilience que beaucoup d’analystes avaient tendance à minimiser.
Une endurance économique souvent négligée
Depuis près de vingt ans, malgré les secousses politiques, les crises sanitaires et les aléas climatiques, les économies africaines ont souvent montré une capacité d’adaptation remarquable. Là où d’autres régions se replient face à l’incertitude, nombre de pays d’Afrique subsaharienne ont su diversifier leurs sources de revenus, investir dans les infrastructures et tirer parti d’un marché intérieur jeune et en pleine expansion. Ce dynamisme structurel, longtemps éclipsé par les défis de gouvernance et les déséquilibres budgétaires, sert aujourd’hui de socle à une croissance plus solide qu’il n’y paraît.
C’est sur cette toile de fond que le FMI observe une amélioration progressive des perspectives, portée par la stabilisation des prix mondiaux et un assouplissement de certaines politiques commerciales internationales. L’institution note que plusieurs hausses de tarifs, qui avaient ralenti les échanges, ont été réajustées ou supprimées, redonnant un peu d’air aux économies africaines. Ce mouvement a permis à des pays comme le Kenya, la Côte d’Ivoire ou la Tanzanie de maintenir une trajectoire ascendante, soutenue par la consommation interne et des investissements dans les secteurs productifs.
Derrière les chiffres, une question de perception
Pour beaucoup d’économistes, la véritable interrogation n’est plus de savoir si la région croît, mais si le monde mesure correctement la portée de cette croissance. Une hausse de 4,1 % peut paraître modérée, mais dans une économie mondiale encore marquée par les effets d’un ralentissement industriel et des tensions géopolitiques, elle témoigne d’un réel potentiel. L’Afrique subsaharienne avance comme un coureur de fond : moins spectaculaire que les sprinteurs économiques, mais capable de tenir la distance.
La lente amélioration observée dans le rapport du FMI met en lumière une dynamique sous-jacente : les économies africaines apprennent à composer avec la volatilité extérieure tout en consolidant leurs bases. Le numérique, l’agro-industrie, les services financiers et les énergies renouvelables redéfinissent les leviers de croissance, ouvrant la voie à une transformation structurelle durable.



