Déchéance de nationalité en Algérie : qui pourrait être visé par le projet de loi ?

L’éventualité d’un retrait de nationalité agite de nouveau le débat en Algérie. Un projet porté par un parlementaire propose de modifier le code de la nationalité afin de permettre la déchéance pour certains citoyens accusés d’atteinte aux intérêts du pays. Le sujet suscite des interrogations, notamment sur l’ampleur de la mesure et les profils concernés.

Un projet aux contours plus larges qu’annoncé

Le texte présenté au Parlement vise la possibilité de retirer la nationalité algérienne, qu’elle soit d’origine ou acquise, à des personnes impliquées dans des actes jugés préjudiciables pour l’État. Il ne serait donc pas réservé aux seuls Algériens établis à l’étranger, même si plusieurs cas évoqués concernent des actions menées hors du territoire national.

Parmi les situations mentionnées, figurent des actes hostiles aux institutions ou à l’unité du pays commis depuis l’extérieur, l’allégeance à un État étranger accompagnée d’un renoncement à la loyauté envers l’Algérie, ou encore la participation à des organisations considérées comme terroristes. Un délai d’observation pourrait être instauré afin de permettre aux personnes visées de cesser les faits reprochés. La possibilité d’un recouvrement de la nationalité après une période définie serait également envisagée.

Ce projet intervient alors que les autorités ont, ces dernières années, multiplié les mesures envers certains membres de la diaspora accusés d’activités jugées déstabilisatrices. Des poursuites et des restrictions administratives ont touché des figures installées notamment en France, accusées par Alger de mener des actions ou campagnes médiatiques susceptibles d’affaiblir les institutions ou de nuire à l’image du pays. Ce rappel illustre le lien souvent établi par les autorités entre certaines initiatives menées depuis l’étranger et les enjeux de cohésion nationale.

Des questions liées aux garanties et à l’application

L’éventuelle adoption d’une telle mesure soulève des débats autour de sa mise en œuvre. La définition précise des actes pouvant entraîner la déchéance, l’autorité compétente pour la prononcer ou encore les mécanismes de recours seraient des points particulièrement observés. Des juristes estiment qu’une attention particulière serait nécessaire afin d’éviter l’apatridie ou des décisions arbitraires.

Le champ d’application envisagé élargit la portée du dispositif au-delà de la seule diaspora. La question centrale porte sur la façon dont seront appréciés les actes jugés hostiles, et si la mesure pourrait concerner également des personnes résidant en Algérie. Certains observateurs estiment qu’une transparence sur les critères et la procédure serait essentielle pour garantir la lisibilité du dispositif.

La relance de ce projet montre que le débat autour de la loyauté à l’État reste d’actualité. Le sujet est sensible, car il touche à la nationalité, un élément identitaire fort. L’évolution de la discussion parlementaire déterminera si la proposition sera modifiée, adoptée ou abandonnée. Pour l’heure, le texte ouvre une nouvelle phase de réflexion sur les rapports entre citoyenneté, engagement et responsabilité vis-à-vis de l’État.

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