Bien se brosser les dents ne servirait pas qu’à préserver un beau sourire. Selon des travaux récents, cette habitude quotidienne pourrait aussi contribuer à protéger le cerveau et le cœur. De nouvelles données scientifiques renforcent l’idée qu’une bouche en mauvaise santé n’affecte pas seulement la mastication, mais peut aussi accroître le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Des bactéries buccales qui voyagent au-delà de la bouche
Une étude publiée le 22 octobre 2025 par le Dr Souvik Sen, neurologue, a mis en évidence un lien clair entre la santé bucco-dentaire et le risque d’AVC rapportent Aan.com. Les personnes atteintes de parodontite, une inflammation des gencives très répandue, présentaient un risque supérieur de 44 % de subir un AVC par rapport à celles ayant des gencives saines. L’étude a également montré que les individus souffrant à la fois de caries et de maladies des gencives étaient presque deux fois plus exposés à un tel accident.
Ce constat, obtenu après plusieurs années de suivi, s’ajoute à une série d’observations montrant que les bactéries logées dans la bouche peuvent migrer dans la circulation sanguine, déclenchant des réactions inflammatoires capables d’endommager les vaisseaux. En d’autres termes, une infection d’apparence locale peut avoir des répercussions sur les artères qui irriguent le cerveau.
Les chercheurs soulignent par ailleurs que la prévention dentaire semble jouer un rôle protecteur important. Les participants qui consultaient régulièrement leur dentiste affichaient 81 % de risques en moins de cumuler caries et maladie des gencives. Une donnée qui renforce l’idée que les soins dentaires ne sont pas seulement esthétiques, mais relèvent d’une véritable hygiène de santé publique.
Des preuves qui s’accumulent au fil des années
Ces résultats ne surgissent pas de nulle part. Des analyses antérieures avaient déjà montré qu’une mauvaise santé bucco-dentaire pouvait être associée à un risque cardiovasculaire accru. Une revue systématique et méta-analyse avait notamment révélé qu’une personne atteinte de parodontite avait 1,63 fois plus de risque de subir un AVC qu’une personne indemne, tandis que la perte de dents apparaissait également comme un facteur aggravant (PubMed, 2014). Ces observations concordent avec la recherche récente : elles suggèrent qu’un déséquilibre buccal n’est pas anodin et peut s’accompagner de conséquences bien au-delà de la cavité orale.
Cette accumulation de preuves scientifiques oriente les spécialistes vers une vision plus intégrée de la santé : le corps n’est pas compartimenté, et un désordre local peut influencer des organes éloignés. L’étude de 2025 illustre cette continuité entre bouche, cœur et cerveau.
Une hygiène à repenser comme geste de prévention globale
Si l’alimentation équilibrée, l’activité physique et l’arrêt du tabac figurent depuis longtemps parmi les piliers de la prévention cardiovasculaire, les chercheurs rappellent désormais que le brossage régulier, l’usage du fil dentaire et les visites chez le dentiste devraient être considérés comme des réflexes de santé aussi essentiels.
L’idée que des bactéries buccales puissent favoriser la formation de plaques dans les artères ou fragiliser les vaisseaux cérébraux peut sembler surprenante, mais elle s’appuie sur un mécanisme bien documenté : l’inflammation chronique. Une infection non traitée des gencives entretient un état inflammatoire général susceptible d’altérer la paroi des vaisseaux.
Au-delà de la prévention des caries ou de la mauvaise haleine, la santé bucco-dentaire s’impose donc comme un indicateur de bien-être global. Le message des scientifiques est clair : prendre soin de sa bouche, c’est aussi prendre soin de son cerveau. Les gestes simples du quotidien — se brosser les dents, nettoyer les espaces interdentaires, consulter régulièrement — peuvent, à long terme, contribuer à réduire un risque souvent méconnu.
Un sourire plus sain pour un cerveau mieux protégé
Le lien entre hygiène dentaire et santé vasculaire s’affirme désormais comme une donnée scientifique solide. Même si ces études ne prouvent pas encore une causalité directe, elles rappellent une évidence : les différentes composantes du corps sont interconnectées. En adoptant une hygiène bucco-dentaire rigoureuse, chacun dispose d’un moyen accessible de renforcer sa santé générale.



