Le rappeur nigérian Lekan Akinsoji, 27 ans, a été condamné à la prison à vie par la cour de l’Old Bailey à Londres pour le meurtre d’Ahmed Deen-Jah, survenu en 2017 dans l’est de la capitale britannique. Cette décision met fin à une longue enquête relancée grâce à l’analyse d’ADN. Le dossier illustre les efforts des autorités pour endiguer la violence des gangs qui persiste dans certains quartiers de la ville. La police métropolitaine a salué une victoire judiciaire après huit années d’attente pour la famille de la victime.
Une condamnation qui marque la fin d’un long combat judiciaire
L’affaire avait débuté il y a plus de huit ans, lorsqu’Ahmed Deen-Jah, 24 ans, avait été mortellement poignardé dans un commerce du quartier de Newham, à l’est de Londres. À l’époque, l’enquête n’avait pas permis d’identifier les auteurs du crime, faute de preuves exploitables. Ce n’est qu’en 2021 que de nouvelles analyses médico-légales, réalisées à partir d’échantillons d’ADN retrouvés sur les vêtements de la victime, ont conduit à la mise en cause de Lekan Akinsoji et de son complice, Sundjata Keita.
Le tribunal a jugé que les deux hommes, alors actifs dans la scène musicale underground et affiliés à un groupe local, étaient impliqués dans une rivalité entre bandes. Le jury a estimé que l’attaque avait été préméditée, motivée par des tensions internes liées à la criminalité urbaine et aux règlements de comptes. La cour a prononcé une peine de réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’un minimum de 28 ans avant toute possibilité de libération pour Akinsoji. Keita, pour sa part, devra purger au moins 27 ans.
Au cours du procès, les procureurs ont souligné la dangerosité des deux hommes, évoquant leur participation à plusieurs incidents violents entre 2016 et 2018. Selon la Metropolitan Police, ces condamnations reflètent la détermination des forces de l’ordre à résoudre des affaires anciennes grâce aux progrès technologiques. Le commandant Marcus Barnett a estimé que la décision « rend justice à une famille qui n’avait jamais perdu espoir ».
Cette affaire a également mis en lumière la face sombre d’une partie de la culture urbaine britannique, où certains artistes issus de milieux défavorisés se retrouvent mêlés à des réseaux criminels. Bien qu’Akinsoji se présentait comme un rappeur en devenir, ses activités illégales ont fini par éclipser toute ambition artistique.
Violence urbaine et criminalité persistante au Royaume-Uni
Selon l’Office for National Statistics (ONS), le Royaume-Uni connaît une hausse notable des crimes violents depuis le milieu des années 2010, en particulier dans les grandes agglomérations. Londres reste l’un des foyers les plus touchés par les attaques à l’arme blanche. En 2024, la capitale britannique a enregistré plus de 13 000 agressions impliquant des couteaux, un chiffre en augmentation de 7 % par rapport à l’année précédente.
Les autorités attribuent cette tendance à plusieurs facteurs : rivalités entre gangs, trafics de drogue et précarité sociale. Des programmes communautaires ont été lancés pour tenter d’endiguer cette spirale, mais leur efficacité reste limitée. Les forces de l’ordre misent désormais sur les avancées scientifiques, notamment l’exploitation d’empreintes génétiques et de bases de données partagées, pour résoudre les affaires les plus complexes.
Dans ce cadre, le rôle de la police métropolitaine a été renforcé, notamment grâce à des unités spécialisées dans la lutte contre les gangs et les crimes de sang. La mise à jour de l’enquête sur le meurtre de 2017 témoigne de la volonté de ces unités d’exploiter toutes les pistes, même plusieurs années après les faits. L’affaire Akinsoji devient ainsi un exemple emblématique d’une stratégie axée sur la persévérance judiciaire et la rigueur scientifique.
Un tournant judiciaire pour la famille de la victime
La famille d’Ahmed Deen-Jah, présente lors du verdict, a exprimé son soulagement après huit ans d’attente. Les proches ont salué le travail des enquêteurs qui, selon eux, « n’ont jamais cessé de chercher la vérité ». Le jugement prononcé par la cour de l’Old Bailey met un terme à un dossier qui avait suscité une vive émotion dans le quartier de Newham, théâtre régulier d’affrontements entre bandes rivales.
Pour de nombreux habitants, la condamnation du rappeur nigérian et de son complice marque un signal fort envoyé à ceux qui entretiennent la violence dans les communautés locales. Les autorités espèrent que cette décision aura un effet dissuasif et encouragera d’autres témoins à coopérer avec la police dans des affaires similaires.
La carrière musicale d’Akinsoji, amorcée dans les cercles underground de l’est londonien, s’est définitivement interrompue. Le verdict rappelle que la scène du drill rap, souvent critiquée pour ses paroles violentes, peut parfois se confondre avec des réalités criminelles bien tangibles. Mais pour la justice britannique, au-delà du symbole, c’est avant tout le meurtre d’un jeune homme qui vient d’être reconnu et sanctionné.
Cette affaire, désormais close, restera l’un des exemples les plus marquants de l’usage des techniques ADN dans les enquêtes non résolues au Royaume-Uni, tout en soulignant les enjeux sociaux persistants liés à la violence urbaine.



