Les relations entre les pays de l’Alliance des États du Sahel et la France restent marquées par des tensions persistantes depuis l’expulsion des troupes françaises du Mali en 2022. Les États de l’AES tentent tant bien que mal de juguler les attaques terroristes dans leurs pays avec des succès mais aussi quelques échecs. Pour les pays de la région plusieurs urgences sont au programme. Notamment dans le domaine économique, sécuritaire, mais aussi sur le plan de la gestion des ressources. Ce climat de méfiance, alimenté par des différends politiques et sécuritaires, connaît aujourd’hui un nouvel épisode avec la radiation de douze militaires maliens, parmi lesquels figure un étranger de nationalité française arrêté pour son implication présumée dans une tentative de coup d’État.
Une décision à portée politique et disciplinaire
Le président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, a signé le 7 octobre un décret ordonnant la radiation de plusieurs officiers et sous-officiers des forces armées et de sécurité. Parmi eux figurent les généraux de brigade Abass Dembélé et Nema Sagara, ainsi que dix autres officiers, dont des lieutenants-colonels et des capitaines. Ces sanctions, présentées comme des mesures disciplinaires, font suite à leur arrestation le 1ᵉʳ août pour tentative de coup d’État, une affaire que les autorités affirment avoir neutralisée avant son aboutissement.
Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Daoud Aly Mohammedine, assurant l’intérim de la Défense, a confirmé que les enquêtes judiciaires se poursuivaient pour identifier d’éventuels complices. Le gouvernement a tenu à rassurer la population sur la détermination des forces armées à poursuivre leur mission de lutte contre le terrorisme et de défense de la souveraineté nationale.
L’arrestation d’un Français, un élément révélateur des tensions régionales
Parmi les personnes interpellées figure Yann Christian Bernard Vizilier, ressortissant français accusé d’avoir participé activement à l’opération déjouée. Sa présence dans cette affaire ajoute une dimension diplomatique sensible, avec des relations déjà détériorées entre Bamako et Paris. Pour les autorités maliennes, cette implication étrangère nourrit les soupçons d’ingérence extérieure, alors que le pays a renforcé ses liens militaires et politiques avec ses partenaires au sein de l’Alliance des États du Sahel et avec la Russie et la Turquie qui fournit des drones performants.
Une réaction ferme de Paris et des relations au plus bas
La France a vivement réagi à l’arrestation de Yann Christian Bernard Vizilier, qualifiant les accusations portées contre son ressortissant de « sans fondement ». Le ministère français des Affaires étrangères a réclamé sa libération immédiate, affirmant qu’il bénéficiait d’une protection diplomatique en tant que membre du personnel accrédité auprès de l’ambassade à Bamako. Paris a dénoncé un geste « hostile » de la part des autorités maliennes et a averti que cette affaire risquait d’aggraver encore les tensions déjà fortes entre les deux pays. Depuis l’expulsion des forces françaises et la rupture progressive de la coopération militaire, la relation franco-malienne s’est considérablement détériorée. L’épisode Vizilier apparaît désormais comme un nouveau point de rupture, illustrant la perte de confiance et la fermeture du dialogue entre Bamako et Paris.
En ciblant à la fois des officiers de haut rang et un citoyen étranger, le pouvoir malien envoie un signal politique fort : celui d’une armée placée sous autorité exclusive de l’État et d’une souveraineté qu’il entend défendre sans concession, dans un environnement régional marqué par des alliances nouvelles et des rapports redéfinis avec les puissances extérieures.



