Manifestation au Maroc : ce qu'il faut savoir des derniers événements

Depuis quatre nuits consécutives, plusieurs villes marocaines connaissent des rassemblements de grande ampleur, initiés par le collectif GenZ 212. Des heurts se sont produits notamment à Agadir, Oujda, Beni Mellal et Aït Amira, tandis qu’à Rabat plus de 200 personnes ont été arrêtées au cours des trois dernières journées. La plupart des interpellés ont été relâchés, mais 37 individus doivent comparaître le 7 octobre, dont trois maintenus en détention provisoire. Le gouvernement dit vouloir écouter les préoccupations de la jeunesse et se dit disposé à trouver des réponses. Les contestataires demandent avant tout une amélioration des services de santé et du système éducatif.

Une mobilisation qui prend de l’ampleur

Le mouvement est né d’un appel lancé par GenZ 212, un groupe dont les fondateurs n’ont pas encore été identifiés. Dans un message sur les réseaux sociaux, ils ont exprimé leur « regret » concernant les violences et invité les participants à préserver le caractère pacifique de leur mobilisation. Dans plusieurs villes, des confrontations ont toutefois éclaté avec les forces de sécurité, sans qu’un décompte officiel des blessés ou dégâts n’ait encore été communiqué. D’après l’Association marocaine des droits humains (AMDH), la grande majorité des personnes arrêtées ont été libérées après audition.

À Rabat, plus de 200 manifestants ont été appréhendés lors de marches non autorisées. Ces arrestations montrent la détermination des autorités à maintenir le contrôle de l’espace public, mais elles révèlent aussi la montée en puissance d’une contestation qui s’organise en grande partie en ligne. La capacité de la jeunesse à se structurer grâce aux réseaux sociaux ouvre une nouvelle phase de mobilisation politique. Cette dynamique pourrait devenir un sujet d’étude approfondi dans les semaines à venir.

Une tradition de stabilité bousculée

Depuis plusieurs décennies, le Maroc s’est distingué par une vie politique relativement paisible, contrastant avec certains pays voisins confrontés à des bouleversements plus graves. Les manifestations du mouvement du 20 février en 2011, inspirées par les soulèvements dans le monde arabe, avaient conduit à des réformes constitutionnelles et à l’adoption de mesures pour contenir la contestation. Ce passé de compromis et d’ouverture au dialogue explique pourquoi les mobilisations actuelles, éclatant simultanément dans plusieurs villes, attirent une attention particulière.

Dans un communiqué publié le 30 septembre, les partis de la majorité de centre-droit ont affirmé être attentifs aux revendications sociales des jeunes et vouloir répondre « de manière constructive ». Les attentes concernent surtout l’accès aux soins et l’enseignement, autant de thèmes sensibles dans le pays. Une réponse concrète pourrait apaiser les tensions et prévenir une intensification du mouvement. Le Royaume aborde ainsi une étape décisive, marquée par l’ouverture de procédures judiciaires contre plusieurs dizaines de personnes et par le débat sur les modalités d’encadrement des mobilisations futures.

Laisser un commentaire